La foudre vient de s’abattre à quelques mètres de la tente ! Nayla et Fibie sont sous le choc. Elles tremblent. Avec Xavier, nous sommes alertes, nos sens totalement ouverts permet à agir. Le front orageux continue sa démonstration de puissance. Cette fois, le prochain orage nous a dépassés. L’impact est à quelques secondes dans l’autre direction. En plein cœur de la tempête, mon instinct me contraint au calme, ils décuplent mes sens et ressentis. Je suis pleinement présente à ce qui se passe et je sais que je dois apaiser Nayla et Fibie.
Soudain, tout se calme. Toujours troublés par l’impact, nous décidons de plier le camp avant les prochaines pluies et de rejoindre un petit camping à une trentaine de kilomètres. En chemin, nous arrivons dans la petite ville d’Obama. De la fumée blanche s’échappe de la ville, au peu partout. Nous sommes face aux sources thermales parmi les plus chaudes et actives du Japon. Elles atteignent d’ailleurs la température de 105 ° C. De petits magasins et hôtels proposent de déguster des légumes, des fruits de mer et des œufs cuits à la vapeur de cette eau bouillante. Nous laissons nos vélos pour plonger nos pieds dans ces sources chaudes. Nous sommes dans le plus long bain de pied du pays. La longueur de 105 mètres correspond à la température maximale !
Ensuite, nous poursuivons sur l’ancienne voie ferrée d’Obama et passons à travers un tunnel vert, composé d’un mur de végétation de chaque côté. Ces passages sont impressionnants tout autant que les petits villages de pêcheur qui se dévoilent en contre-bas à la sortie. La côte est accidentée et les baies se dessinent au cœur des montagnes qui plongent dans l’océan. Ce paysage nous apporte du réconfort suite aux émotions du matin.
Lorsque nous arrivons dans le petit camping sous les pins, nous faisons tout sécher. Puis nous avons juste la possibilité de nous baigner avant de nouvelles averses. Le soir, alors que tout le monde dort, j’entends des éclairs. J’ouvre la tente et je vois un gigantesque front orageux qui s’avance. Les éclairs scintillent. Je n’ose pas imaginer la puissance du front. Un avis de tempête, de fortes pluies, de glissements de terrain et de tornade est annoncé et les images satellites corroborent la vision terrifiante qui se dessine face à nous.
Cette fois, j’ai peur. Xavier était en train de filmer lorsque la foudre s’est abattue à quelques mètres de la tente. Revoir ces images a peut-être imprimé dans mon esprit ce que nous avons vécu. Lorsque nous sommes au cœur de la tourmente, nous le vivons différemment. Le voir sur un écran à décupler les sensations et surtout l’impression que cela aurait pu être grave. La peur qui est en moi affole mon esprit, j’ai besoin de contrôler ce qui arrive, mais objectivement je n’ai aucun contrôle. Je me rassure en analysant nos points de replis. Pourtant, je suis effrayée et le tonnerre qui gronde continuellement n’arrange rien. Avec Xavier, nous faisons le point. Selon les images satellites, nous sommes à la limite du front, il devrait passer légèrement au Sud. Je me sens au cœur des éléments, à affronter mes peurs. Que va-t-il se passer cette nuit ?
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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