C’est la Golden Week au Japon, un moment de pause pour tout un pays… et le début de la suite de nos aventures pour nous. Tandis que Tokyo s’efface derrière nous, notre famille glisse à vélo le long de la rivière Tone-gawa, portée par le vent et la promesse du printemps. Chaque jour, le paysage change, les rencontres se succèdent, le vent souffle parfois comme un allié, et parfois c'est un un défi.
Durant la golden week, « La » semaine de vacances au Japon, nous nous faufilons hors de la grande plaine de Tokyo par la rivière Tone-gawa. après avoir dit au revoir à notre ami Ben. Ce Japonais chiropraticien, grand, calme et silencieux aime autant le vélo que le saké et nous offre un pied-à-terre à Chiba. Le vent nous pousse le long de la piste cyclable. Nous sommes euphoriques, enivrés par les effluves du printemps et les chorales des oiseaux. Pourtant le vent tourne et le lendemain nous devons lutter contre la force de ce souffle qui comme un poids freine nos montures. Fibie comprend rapidement que cet élément est incroyablement puissant, dans un sens comme dans l’autre. Il peut nous donner la sensation de voler ou nous clouer sur place.
Campant dans un petit terrain vague, nous nous sentons vivants au bord de cette grande rivière, de la taille des plus gros fleuves d’Europe. Un message nous surprend. « Où êtes-vous ? » c’est Anne qui nous écrit. Expatriée suisse, elle travaille depuis 3 ans au Japon et sillonne son territoire notamment à vélo dès qu’elle le peut. Spontanée, il y a de grandes chances qu’elle débarque demain. Les exclamations des filles sont à la hauteur de leur enthousiasme. Et quelques heures plus tard, elle nous rejoint vers le château de Sakiyado. Les retrouvailles sont chaleureuses. Nous avons même droit à des branches d’Ovomaltine ! Comme petit clin d’œil de la Suisse. Nous roulons ensemble le long de la piste cyclable dans des paysages ouverts qui donnent la sensation de liberté.
Nous passons le long du petit lac Watarase forme de cœur. Le vent lui donne des tons sombres, pourtant les kitesurfer profitent des vagues pour lancer des sauts impressionnants. Il y a surtout une énergie incroyable et une beauté saisissante le long de ce lac. Cette touche qui donne au Japon des paysages si photogéniques. Une pureté que les fleurs colorées du printemps ravivent d’une touche de gaieté. Pourtant, la journée est longue. Fibie doit lutter pour terminer les 60 km. C’est surtout pour pouvoir rejoindre un terrain où l’on peut camper librement, et ainsi passer notre journée de repos là-bas. Nous avons déjà vu plusieurs serpents et le petit panneau sur les toilettes nous indique qu’il faudra être attentif. Rien d’inquiétant. Au contraire, la soirée au bord de la tente est douce.
12 heures plus tard, c’est un autre décor. Nous sommes désormais seuls avec notre tente jaune. Il a déjà plu 20ml en quelques heures. Le terrain est détrempé et des flaques se sont formées un peu partout. Soudain, il pleut de plus belle. Nous avons la sensation qu’on déverse des bidons d’eau depuis le ciel. Le bruit des gouttes sur la toile est assourdissant. Puis, c’est des rafales qui font siffler les tendeurs. Xavier sort pour en placer d’autres afin de consolider la tarpe. Avec les sons qui nous parviennent, il est facile d’imaginer le pire. C’est impressionnant, cette fois la symphonie du printemps est plus brutale. Alors que la tempête ne fait qu’augmenter, nous espérons que le sol détrempé retienne encore les sardines qui amarrent notre tente. Le temps est suspendu. Nous sommes alertes, attentifs, et pourtant confiants.
Deux heures d’une énergie montante, puis soudain en plein paroxysme, la tempête s’arrête. En moins de 10 minutes, le clame le plus complet s’installe dans la nuit noire, dans un silence profond. Le front est passé.
Au réveil, vers 5 heures du matin, de nouvelles tentes commencent déjà à pousser comme des champignons. Nous reprenons la route, heureux de tout sécher notre matériel sous un soleil radieux. Nous longeons la rivière Watarase, celle qui va nous emmener vers le premier col pour Fibie. Est-ce qu’elle va réussir à traverser les montagnes pour rejoindre Yamagata dans quelque 700 kilomètres ?
Nous essayons de faire de plus petites journées, mais les dénivellations seront tout de même présentes. Après une magnifique journée le long de cette rivière, nous décidons de planter la tente dans un petit parc. Pourtant, un couple vient dans la pénombre de la nuit pour nous dire démonter le camp. Nous sommes tous fatigués et cette perspective est loin d’être réjouissante. « Des sangliers viennent ici chaque soir pour manger des pousses de bambou. « Vous devez absolument partir ! » Il ne manquait plus que cela. Finalement, il nous montre un lieu en sécurité non loin de là, sous quelques arbres qui n’offrent aucune nourriture pour ces animaux. «C’est toujours l’aventure avec nous ! » S’exclame Nayla. Il nous faut alors tout recommencer. Remettre tout dans les bagages et remonter le camp plus loin, de nuit. Pour Fibie, cet exercice lui demande une énergie phénoménale. Elle qui avait juste envie et besoin d’être dans le cocon de la tente pour se reposer.
À 7 heures le lendemain matin, nous sommes déjà sur nos vélos. Un petit groupe de femmes âgées sont en train de faire de la gymnastique dans le parc. Elles sont venues souriantes nous parler. Touchées par notre histoire, elles nous ont donné un petit billet à Nayla et Fibie ainsi que des friandises de Nagano. Toute la journée, nous rencontrons de nombreuses personnes inspirantes, notamment des coureurs d’ultra marathon et un champion du monde de freezbee avec ses chiens. Ils nous offrent d’ailleurs une démonstration. Nous sommes impressionnés, les filles ont juste envie d’essayer ! Mais cela demande dextérité et une complicité incroyable avec son chien. Ces rencontres font aussi partie du chemin, comme si nos voies se rejoignaient dans l’espace temps. Un moment éphémère où chacun est invité à recevoir le message de l’autre. Mais plus encore, c’est aussi le miroir de ce que l’on émane ou de ce que l’on est prêt à recevoir. En restant ouvert à l’autre, on reçoit ainsi au-delà de l’échange.
Nous déjeunons 8 kilomètres après notre départ dans une petite gorge. L’eau s’écoule avec force dans les rapides. En amont, elle serpente plus calmement et prend des couleurs vertes irisées. Avec les feuilles tendres du printemps, le tableau est spectaculaire. Cela donne le ton de la journée. Nous roulons sur l’ancienne route, là où il n’y a pas une seule voiture. Nous sommes dans une nature vivifiante. Elle chante le printemps et nous nous gorgeons de cette énergie de renouveau, comme si le futur avait besoin d’être vêtu de cette magie de la renaissance. Un futur où tout est possible, comme les arbres qui s’ouvrent pleinement à la nouvelle énergie dans tout leur être, de chaque bourgeon, de chaque feuille qui s’ouvre. Ils ne retiennent jamais cet élan, ils le vivent pleinement pour manifester tous les possibles.
Japan Eco Track Watarase River: https://www.japanecotrack.net/area/1121
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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