Nous reprenons la route, sacoches chargées, cœurs ouverts, prêts à affronter la pluie, les kilomètres et l’inconnu. Chaque détour nous offre une rencontre inattendue, chaque étape devient une aventure, entre gratitudes, défis et retrouvailles vibrantes.
C’est à nouveau le grand départ. Demain, nous reprenons la route. Et comme à chaque fois que tout est nettoyé et propre, une pluie abondante est annoncée pour toute la journée... on espère passer à côté des gouttes, mais nous savons bien que nous serons détrempés. C’est presque un clin d’œil de la Vie, combien de fois sommes-nous repartis sous des pluies diluviennes. Nous en rions, même si nous nous sentons comme des chats qui à l’abri dans un cocon douillet, n’ont pas envie de mouiller leur pelage.
On s’inquiète pour nous, Kiyoko San, la femme de Tatsuno San, fondateur de Montbell, chez qui nous sommes invités à Manyoso, a envie de nous aider. Nous devons récupérer notre matériel resté à Osaka et reprendre la route en direction de Kobe. Ils nous proposent alors de nous déposer. En chemin vers la maison mère de Montbell, ils corrompent facilement Nayla et Fibie d’aller faire de la grimpe au lieu de rouler sous les trombes d’eau en pleine ville. Ils embarquent les vélos et nos filles. Elles nous font de grands signes depuis les fenêtres de cette voiture qui les emmènent à notre destination. Nous avons rendez-vous à Kobe. Nous repartons alors tous les deux, comme il y a 15 ans lorsque nous étions en couple.
Arrivés mouillés dans les rues remodelées de cette ville suite au grand tremblement de terre de 1995, nous allons tous manger dans un petit restaurant aux plats traditionnels de la Chine et au thé Puer. Nous faisons alors nos au revoir à ce couple dont la relation est teintée de respect mutuel et d’une profonde amitié. Nayla et Fibie sautent dans leur bras et leur remercie pour leur générosité et ce temps passer ensemble. Cette fois, la date de la prochaine rencontre reste un mystère.
À Kobe, nous avons ensuite rendez-vous avec nos grands amis de Penang en Malaisie, Yumiko et Hiro, ma témoin de mariage. Dans une petite ruelle, j’entends sa voix qui m’appelle d’un ton enjoué et lumineux. Cela ne peut être qu’elle. Je me retourne et vois cette femme au visage rayonnant. Je reconnais tout de suite son énergie dynamique et sa spontanéité me surprend ici au Japon. Bien qu’elle soit Japonaise, elle vit à l’étranger depuis longtemps. Son éclat de voix en est le signe. Pour moi, c’est surtout cette spontanéité qui me fait du bien, cette amitié que je retrouve, ce partage si fluide et joyeux. Nous nous retrouvons. Nous mangeons dans un petit restaurant Népali au goût si authentique. Le patron est un artiste et ses tableaux nous emmènent directement en Himalaya. Dans cette atmosphère avec un thé chai nous renouons. Je suis à chaque fois surprise comme les rencontres peuvent être si parfaitement fluides et joyeuses même des années plus tard. Cela me fait naître en moi une douce vitalité.
Le matin, nous prenons le ferry. Il nous emmène sous le célèbre pont de Kobe, puis sur l’île de Shikoku à Takamatsu. Nous avons une conférence dans cette petite ville et profitons de découvrir ces ruelles marchandes. Lors de la conférence, nous sommes touchés par les questions de l’audience, par ce couple qui vivent en camping-car à travers le Japon et se questionnent sur leur envie d’enfants. Par ces hommes et femmes, dont les larmes perlent parfois le long de leur visage.
Fibie est parfois inquiète. Elle a maintenant un plus grand vélo et je ne peux plus l’a prendre si facilement sur le tandem. Elle va maintenant devoir rouler la majeure, voire la totalité du trajet. C’est un grand changement pour elle, un grand défi. Il faut beaucoup de courage pour imaginer rouler à travers le monde, seule sur son vélo à 7 ans. Nous reprenons enfin nos vélos. Fibie bat deux fois son record et elle roule maintenant 50 km. Elle est vive et enthousiaste. Motivée de reprendre la route, les peurs semblent s’être envolées. Elle avait besoin d’être entendue. Et c’est tellement compréhensible. Nous vivons tous des changements, nous sommes tous en train de grandir, d’apprendre, de faire face à de nouveaux défis. Se sentir entendu dans ces transformations et challenges est tellement importants. Nous savons qu’il sera important de rouler avec douceur, de prévoir des pauses, d’aller lentement, pour que cette transition soit agréable et douce pour Fibie.
Ce soir, nous campons et sommes à nouveau en nature. Sentir les odeurs du printemps, voir les forêts qui se parent d’un vert lumineux est absolument grandiose. Une fois encore, le temps semble s’étirer, s’étendre. Je ne sais pas si c’est nous qui n’essayons plus de le contrôler ou si c’est notre propre expansion qui le transforme, mais instantanément, le temps s’écoule différemment. Je me pose dans cette lenteur, dans cette connexion à la nature, dans ce retour à notre vie. C’est doux, apaisant, je me sens reconnectée à la Terre, à moi-même.
Cette fois, nous prenons le ferry pour Tokyo. Près de 24 heures sur ce bateau qui nous emmène au cœur du Pacifique. À Tokyo, nous roulons le long de la baie et sommes accueillis par des centaines de cormorans qui pondent des œufs et préparent leurs nids dans les arbres. Incroyable découverte, nous sommes surpris de voir ces oiseaux juste en dessus de nous, leur nid, ainsi que les petits qui parfois apparaissent. Nous roulons dans la mégapole et rejoignons Chiba où nous sommes accueillis par Ben, notre ami. Il nous emmène directement pour le festival de Taiko qui a lieu à Narita. Les sons des tambours sont enivrants, nous sommes plongés au cœur de cet art. Fibie et Nayla ont aussi l’occasion de faire résonner ces majestueux taikos.
À Chiba, nous préparons les deux nouveaux vélos de Nayla et Fibie. C’est le moment de tout mettre à jour. Puis, nous allons donner deux conférences à Toyko. Une à Okachimachi avec Montbell et l’autre avec l’association Hippo à Shibuya.
Nous retrouvons des amis, rencontrons de nouvelles personnes inspirées par notre style de vie et nous sommes surtout touchés de voir des enfants aujourd’hui devenus adultes qui nous avaient rencontrés avec leur famille. Nous avons aussi l’honneur de faire la connaissance de la Maman de notre grand ami Shigeo san et de son frère. Elle a 96 ans et elle est souriante et vive. Lorsque Fibie lui a fait un câlin, elle s’est exclamée : « C’est la première fois ! Il faut que je m’habitue ». Elle avait alors un grand sourire aux lèvres.
Ensuite, nous nous retrouvons chez Viera, Takeo, Ailee et Genki, au 33e étage d’un immense building avec la vue sur la baie de Tokyo. C’est majestueux.
Nous sommes au cœur de cette mégapole.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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