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Articles

Mon guidon se brise en deux

C’est la tempête ! Le vent était si puissant qu’il nous a littéralement poussés le long de la côte, parfois rendant l’équilibre périlleux ! Cette fois, après l’ultime montée à plus de 19 %, nous rejoignons un phare. Il commence à pleuvoir. Pas le temps de s’imprégner de la vue, il est temps de montant le camp, même si ce n’est que midi. Nous trouvons un petit pavillon sous lequel nous pouvons nous abriter et même y monter la tente. À peine sommes-nous installés que c’est le déluge. Il nous faut alors installer dans le tumulte une bâche afin de limiter la pluie horizontale due à la puissance du vent! Après la précipitation, c’est l’attente, dans le froid et l’humidité. Chaque geste est plus compliqué, tout demande plus d’énergie. Alors nous entrons dans la tente et profitons de lire, de jouer, d’étudier. L’espace est restreint, quelques mètres carré pour les quatre. Cela demande diplomatie et tolérance. Pourtant, il suffit de plonger dans une activité créatrice avec les filles. Les se...

Une pause au sud de Shikoku

La petite ville d’Ainan possède l’âme d’un petit village. Elle est aussi la seule porte pour rejoindre la péninsule du cape Koumo, perdu quelques parts à des kilomètres suivant une route en lacet naviguant entre bord de mer, montagne et forêts luxuriantes. Ainan c’est un lieu de pèlerinage, là les Ohenro, les pèlerins des 88 temples de Shikoku vont prier dans le temple Kanjizai, le 40ième . Nous avons la tradition de rejoindre ces temples bouddhistes, non seulement pour découvrir leur architecture et leur histoire, mais aussi pour prier, reliés à cette résonance qui nous unit aux pèlerins. Nous ne pouvons cependant pas partir sans passer dans le sanctuaire shintoïste . Nous y sommes à chaque fois mystérieusement poussés ou invités. Nous ressentons que cet équilibre est juste, comme nécessaire. Depuis l’arrivée du Bouddhisme au Japon au VIième siècle, les deux traditions ont coexisté en syncrétisme, elles ne faisaient qu’un. La séparation depuis l’ère Meiji, au début du XXième siècle, a...

Retour le long du Pacific

  Heureuses de jouer dans les rivières, Fibie et Nayla regrettaient déjà le cours d’eau de la Shimanto. Pourtant, l’océan leur vole un « Wow » d’émerveillement. Le Pacifique et son eau bleu roi apparaissent. Son odeur saline, la puissance de son énergie, ses grands rouleaux qui s’achèvent sur la grève sont grandioses. « Comment avons-nous pu oublier la magie de l’océan » souffle Nayla. Pour Fibie, c’est la célébration ! Elle a réussi son défi ! Elle a rejoint le Pacifique ! Elle est si fière d’elle ! Elle compte tout de même poursuivre sur la même lancée avec une trentaine de kilomètres tous les jours. Nous longeons l’océan mouvementé, les couleurs changeantes de cette infinité bleue. Ils nous portent jusqu’aux îles lointaines, et aux hautes falaises de roches noires. Le long du chemin nous rencontrons les pèlerins de Shikoku, vêtus de blanc avec leur chapeau de paille en forme de cône. Ils suivent le pèlerinage des 88 temples . Nous aussi nous nous sentons des pèlerins, ...

Notre quotidien le long de la rivière

  Chaque soir, nous rejoignons le bord de la rivière et les galets pour y planter notre tente. Les célèbres ponts de Kochi, spécialement construit en cas de crue, nous offrent des passages incroyables sur l’eau limpide de la Shimanto. Nous profitons de nager chaque jour dans le courant rapide. Nayla et Fibie se laissent emporter sur des dizaines de mètres avant de rejoindre la berge et de remonter à pied. Cet après-midi, elles ont passé des heures à couper à la scie d’un petit couteau les bambous afin de construire un tipi. Elles ont aussi fabriqués un foyer et y ont allumé un feu. Elles ont alors décidé de célébrer la cérémonie de l’esprit du feu. Chaque année à la même date, elles devront ainsi célébrer cette fête, suivant leur jeu imaginaire du monde des « 4 Elementés ». Le lendemain matin, la crème solaire que nous avons fait maison est devenue solide à cause de l’huile de coco qui a figé, pourtant Nayla et Fibie sont ravies de s’en induire tel un tube qu’elle glisse sur leur...

Les défis se poursuivent

La rivière nous guide à travers les montagnes. La route devient de plus en plus étroite. Soudain, nous découvrons une chute. Elle plonge dans l’eau turquoise. Le lieu est idyllique. Nous décidons alors de nous y baigner et de sauter dans la rivière depuis un petit pont vétuste qui mène à la chute. L’un après l’autre, nous sautons dans l’eau rafraîchissante du flot. Nous entrons aussi dans le rideau fluide de la chute, retrouvant les bienfaits d’une purification de l’eau à la manière du Shugendo. Cette baignade nous a empli de joie pourtant une montée abrupte entre 10 % et 15 % nous attend. Durant plus de 3 heures, nous montons le long de cette pente raide jusqu’à rejoindre les sommets et une longue arrête habillée par quelques éoliennes. Pourtant, nous sommes complètement avalés par la brume. Au sommet, la vue se dévoile quelques minutes avant de s’effacer à nouveau dans le brouillard épais. Nous ne voyons pas à quelques mètres. Nous montons la tente dans l’humidité ambiante, fatigués...

45 minutes dans un tunnel

Nous entrons en plein cœur de montagnes de l’île de Shikoku. Longeant les rivières, nous grimpons ensuite sur une longue montée de plus de 20 kilomètres qui doit nous emmener au pied de la montagne sacrée d’Ishizuchi. Soudain, nous nous trouvons face à un tunnel de plus de 5 kilomètres sans bande de sécurité. 5 kilomètres en montée, avec plus de 200 m de dénivellation, c’est plus de 45 minutes dans le tunnel en plein effort, sans possibilités de s’arrêter . « Est-ce vraiment une bonne idée ? » je demande. « Et toi, Nayla comment te sens-tu à l’idée de rouler dans ce tunnel ? » questionne Xavier. Pourtant, il n’y a pas d’autres options. Vu que le trafic est relativement faible, nous prenons notre courage à deux mains et pénétrons dans les entrailles de la Terre. 5 kilomètres c’est long ! On ne se donne pas le droit de ralentir, pour ne pas prolonger le temps dans cet espace confiné. Heureusement, le tunnel est bien ventilé et il n’y a presque pas de circulation. Toujours est-...

La montagne sacrée d’Ishizuchi

Après la purification de nos impuretés sous la chute d’eau selon les pratiques du Shugendō, nous sommes autorisés à gravir la montagne spirituelle d’Ishizuchi selon cette tradition. Nous prenons ainsi nos vélos sur plus de 10 kilomètres. Fibie est partante pour le défi et enfourche sa monture . Nous longeons la vallée creusée par une rivière à l’eau turquoise. Elle est si claire que l’on peut y découvrir les poissons qui y vivent. Arrivés au pied de la montagne, le téléphérique nous emporte dans les nuages qui recouvrent les sommets. Nous commençons ensuite cette longue marche. Nous avons encore 700 mètres de dénivellation à gravir sur 4 kilomètres. Après 20 minutes d’effort, nous allons prier les Tengu et l’esprit de la montagne sacrée dans les premiers temples. Puis nous poursuivons le long de l’arrête. Les Yamabushis, les moines suivant les pratiques ascétiques du culte des montagnes, utilisent des voies particulièrement aériennes pour gravir la montagne . Certains passages sont au...

Une cérémonie bien particulière

Le temple Gokurakuji est situé au pied au mont Ishizuchi, une montagne sacrée. Son fondateur En No Gyoja (634-701) a pratiqué le Shugendō, une pratique ascétique en montagne visant à l’éveil spirituel. La légende raconte d’ailleurs qu’après sa mort, il est devenu un être surnaturel appelé Tengu qui veille sur Ishizuchi ainsi que les pratiquants du Shugendō. Les Tengu assument le rôle de protecteurs et sont les gardiens spirituels des montagnes sacrées. Ils guident les pratiquants sur leur chemin spirituel, à la fois protecteurs, à la fois mentors. Ils testent aussi le dévouement et la détermination des ascètes sur le chemin de l’éveil. Symboliquement, les Tengu incarnent la dualité du bien et du mal inhérente à leur double nature à la fois des gardiens et protecteur, à la fois démoniaques et farceurs . Dans le folklore japonais, les tengu sont traditionnellement représentés avec un long nez, généralement rouge ou noir. De nombreux masques de tengu parent le temple. Leur nez proéminen...

Purification Shugendō

Après s’être prosterné, Xavier verse de l’eau sur la petite statue en pierre d’une divinité bouddhiste, il remercie et pose l’intention de la purification. Vêtu de l’habit blanc du pèlerin, il suit le moine qui nous emmène vers la chute. Un après l’autre, nous nous abaissons devant la statuette, devant la divinité pour entrer dans cette cérémonie de purification. Pieds nus, nous marchons dans la petite rivière à l’eau limpide et revigorante. Alignés le long de la falaise, nous sommes en petit cercle devant la chute d’eau. Le moineKensei Jin-no commence par une prière, puis il entre sous la chute et y reste durant quelques minutes. Ensuite, Xavier se place sous l’eau froide dont le plongeon de plus de 15 mètres lui arrive directement sur ses épaules. Les mains jointes au niveau du cœur, il se relie à l’élément de l’eau. Après quelques minutes, il se retourne. Le moine récite alors quelques sutras en lui frappant légèrement le dos avec un objet sacré. C’est à mon tour. Je fais un pas so...