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La montagne sacrée d’Ishizuchi


Après la purification de nos impuretés sous la chute d’eau selon les pratiques du Shugendō, nous sommes autorisés à gravir la montagne spirituelle d’Ishizuchi selon cette tradition. Nous prenons ainsi nos vélos sur plus de 10 kilomètres. Fibie est partante pour le défi et enfourche sa monture. Nous longeons la vallée creusée par une rivière à l’eau turquoise. Elle est si claire que l’on peut y découvrir les poissons qui y vivent. Arrivés au pied de la montagne, le téléphérique nous emporte dans les nuages qui recouvrent les sommets.


Nous commençons ensuite cette longue marche. Nous avons encore 700 mètres de dénivellation à gravir sur 4 kilomètres. Après 20 minutes d’effort, nous allons prier les Tengu et l’esprit de la montagne sacrée dans les premiers temples. Puis nous poursuivons le long de l’arrête. Les Yamabushis, les moines suivant les pratiques ascétiques du culte des montagnes, utilisent des voies particulièrement aériennes pour gravir la montagne. Certains passages sont autorisés avec des chaînes permanentes qui ont été posées.


Lorsque Fibie voit les chaînes, elle est enthousiaste à l’idée de grimper. Nous empruntons alors ce passage dans la falaise. Au cœur de la roche, nous escaladons aidés par les chaînes. Une fois au sommet, nous sommes sur un pic qui domine la forêt, pourtant la brume mystérieuse qui tapisse les montagnes ne nous permet pas de contempler la vue escomptée. Nous poursuivons notre marche au cœur de la forêt.


Nous arrivons à la deuxième falaise à escalader. Celle-ci est plus court, pourtant certains passages sont bien plus verticaux. Fibie et Nayla doivent réellement escalader et nous nous plaçons derrière elle afin de les assurer. Ce n’était pas sans compter le troisième passage. Fibie est toujours aussi déterminée et elle insiste pour gravir ce dernier passage. Cette fois, nous sommes suspendus sur la paroi à la verticale. Heureusement que nos filles ont de la force dans les bras et les jambes et qu’elles ont déjà fait un peu de grimpe. Cet endroit est particulièrement aérien et vertical ! Et Fibie doit faire de grandes enjambées pour déposer son pied sur les petites aspérités afin de pouvoir escalader.


Nous voilà finalenement arrivés vers le lieu sacré, là où un petit temple a été construit. Sur l’arrête rocheuse, les pentes abruptes laissent deviner un abysse qui est pourtant recouvert par les nuages. Nous poursuivons le long de cette arrête mais cette fois atteignons un passage vraiment délicat. En transversale et sans corde fixe, il faut passer au-dessus du vide. Un faux pas serait fatal. Nous décidons de faire demi-tour, respectant cette montagne sacrée et nos limites. Nous sommes alors à quelques mètres du plus haut sommet de l'ouest japonais qui culmine à 1'982m d'altitude. Xavier gravit à lui seul les derniers mètres, le passage délicat puis l’arrête effilée qui conduit au sommet. L’ascension par l’est aurait été plus accessible avec des enfants. Fibie est réellement déçue, surtout avec son enthousiasme sans limites à grimper.


Nous mangeons vers le temple espérant toujours que le paysage se dévoile complètement. Mais les nuages couvrent le panorama et il nous reste encore une longue descente. Lorsque les filles courent dans la descente et que nous reprenons nos vélos en bas du téléphérique, nous sentons les regards impressionnés de la force physique de Nayla et Fibie.






Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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