Accéder au contenu principal

45 minutes dans un tunnel


Nous entrons en plein cœur de montagnes de l’île de Shikoku. Longeant les rivières, nous grimpons ensuite sur une longue montée de plus de 20 kilomètres qui doit nous emmener au pied de la montagne sacrée d’Ishizuchi. Soudain, nous nous trouvons face à un tunnel de plus de 5 kilomètres sans bande de sécurité. 5 kilomètres en montée, avec plus de 200 m de dénivellation, c’est plus de 45 minutes dans le tunnel en plein effort, sans possibilités de s’arrêter.

« Est-ce vraiment une bonne idée ? » je demande.

« Et toi, Nayla comment te sens-tu à l’idée de rouler dans ce tunnel ? » questionne Xavier.


Pourtant, il n’y a pas d’autres options. Vu que le trafic est relativement faible, nous prenons notre courage à deux mains et pénétrons dans les entrailles de la Terre. 5 kilomètres c’est long ! On ne se donne pas le droit de ralentir, pour ne pas prolonger le temps dans cet espace confiné. Heureusement, le tunnel est bien ventilé et il n’y a presque pas de circulation. Toujours est-il que nous sommes soulagés de finalement ressortir à l’air libre. Nous pensions poursuivre la montée sur plus de 1000 m supplémentaires et longer la skyline d’UFO. Une superbe route le long d’une arrête qui offre une vue spectaculaire, mais le temps est exécrable et il va s’empirer dans les prochains jours. Nous renonçons avec regret et espérons trouver du réconfort dans le petit onsen qui se trouve une dizaine de kilomètres plus loin. Une fois arrivés, le onsen est fermé ! Nous nous lavons alors dans l’eau froide de la rivière et rencontrons quelques marcheurs qui nous reconnaissent. Avec stupéfaction, nous profitons alors d’échanger et de partager un peu de notre vie. Pour adoucir la soirée que l’humidité rend froide et terne, nous faisons quelques hanabi, des feux de Bengale. Ils sont aussi une célébration de la naissance du petit garçon de nos amis en Suisse.


https://motoyama.outdoorvillage.jp/

Le lendemain, nous longeons l’itinéraire Japan Eco Track (https://www.japanecotrack.net/) de Motoyama. Nous traversons des ponts magnifiques au-dessus de l’incroyable rivière Yoshino, celle où notre ami Noda San y a construit son école de la rivière. Son eau est limpide, somptueuse, dévoilant les paysages cristallins d’une forêt luxuriante au cœur des montagnes. Une fois arrivés à Motoyama, nous allons dans le village Montbell. (https://motoyama.outdoorvillage.jp/)


Nous sommes alors invités à tester des e-bike pour aller rejoindre les magnifiques rizières en terrasse de la région. Sans bagage et avec assistance, c’est presque trop facile. Pourtant la légère pluie ne permet pas de dévoiler la grandeur de ces montagnes tapissées de rizières en terrasse. Les nuages jouent à cache-cache avec le paysage, bien que les épis dorés apportent une touche de lumière aux couleurs un peu grise.


La région est absolument grandiose, pourtant durant 3 jours, il pleut. Heureux d’être accueillis dans le Montbell village, nous pouvons à défaut de profiter des paysages, reposer nos corps et nous abriter des intempéries. Nous reprenons la route, encore dans les montagnes et à travers les petits villages traditionnels. Cette fois nous rejoignons un onsen, reconnu pour être un des meilleures de la région grâce à la qualité de son eau. Petit et très local, nous entrons dans cette eau dont les effluves sentent légèrement le souffre, ravis de détendre nos corps dans une des incroyables traditions du Japon.

Céline, Xavier, Nayla et Fibie
_______________________________________

Incarnons ensemble le Changement:

Boutique:

Inscription au blog et/ou à la newsletter:

Suivez-nous également sur:

Commentaires

autre articles

Retrouvailles après une nuit mouvementée

Nous sommes au bord de la tente en train de préparer un repas à base de millet et de légumes frais. La légère pluie devient de plus en plus forte. Ce ne sont plus des flaques sur la route, mais un ruissellement, le sol se gorge d’eau. Je scrute le ciel. Les éléments se déchaînent. Le vent devient violent. Les sardines lâchent. La tarpe claque et promet de se déchirer alors que le montant est tombé. Je le maintiens sous la pluie diluvienne et le vent me fouette le visage. Les bourrasques augmentent encore en puissance et nous recevons régulièrement maintenant des messages d’alertes sur notre téléphone portables. Forte pluie, vent puissant, glissements de terrain, routes fermées.  À 21 heures, la tempête bat toujours son plein et ne donne aucun signe de faiblesse. Nous savons que la nuit va être longue. Il faudra être à l’affût du moindre changement de situation. Soudain, le haut-parleur s’enclenche et une annonce bruyante résonne dans la nuit mouvementée. Quelques minutes plus tard, le

La magie des relations - Taiwan 2023

Taiwan, la longue queue à l’aéroport est interminable. Nous passons finalement l’immigration et la douane. La famille Yang est là, à nous attendre. Aux premiers regards, ils accourent! Je sens mes yeux se noyer dans les larmes. Tous nous prennent dans leur bras. Nous sommes de retour dans notre famille à Taiwan. Tout le monde est présent et pour la première fois nous rencontrons Nolan, le premier petit enfant de la famille. Jine était enceinte à notre dernier passage, il y a déjà 5 ans.  Nous nous retrouvons tous dans un restaurant! La nourriture à Taiwan est le centre de la vie! Chaque état d’âme est l’occasion de manger, comme si les plats avaient le pouvoir de créer du lien, de guérir, de rassurer, d’apaiser, de célébrer, de donner du courage, et pas uniquement symboliquement.  Lorsque nous pénétrons dans le lieu, nous ressentons tout de suite le changement de monde. Le passage aux toilettes en est un des rappels les plus rapides. Le papier toilette est absent ou il se trouve à l’ex

L’apprentissage fait partie intégrante de la Vie

L’école pourrait nous faire croire qu’il existe un lieu désigné et un temps pour apprendre. Elle donne l’illusion que l’apprentissage doit être coupé du reste de la Vie pour être efficace. Elle choisit qu’il faut être assis et tranquille pour intégrer les informations. Pourtant, il n’y a pas de moments plus propices que celui de l’intérêt.  Il faut en moyenne 400 répétitions pour créer une nouvelle synapse dans le cerveau, selon des recherches récentes. Et pourtant, lorsqu’il s’agit d’un jeu, il ne faut que 10 à 20 répétitions.  Il n’y a pas, non plus, de lieux impossibles, assis sur le bord d’un trottoir en attendant le train, dans le bus bondé, à califourchon sur une branche d’un arbre, ou dans un café hyper bruyant.  Nous le savons tous bien, l’apprentissage se poursuit tout au long de notre existence. C’est ce qui nous rend vivants, c’est la découverte, l’exploration, la compréhension, l’expérimentation. Ce n’est pas s’asseoir devant une feuille de papier avec un crayon à la main,

14 ans à créer notre vie au cœur du vivant

Cela fait 14 ans que nous avons enfourché nos vélos pour partir sur les routes du monde. Aujourd’hui, nous ne le vivons plus comme un voyage, mais comme une manière de vivre, qui est alignée avec nos convictions profondes. Nous avons choisi d’honorer les lois du vivant, dans un monde en interconnexion constante avec chaque étincelle de vie. Ainsi dans une vision que certains pourraient appeler animiste, nous nous relions aux esprits des lieux et des éléments, des montagnes et des rivières et des animaux. Nous acceptons de faire partie du tout, nous acceptons que chacune de nos actions ont un impact sur le vivant. Au Japon, les anciennes traditions d’Okinawa sont reliées à cette vision du monde. Habitant sur de petites îles dans le Pacifique, la relation à leur environnement est très forte, imbriquée à leur mode de vie et manière d’être. Les typhons appellent évidemment à la résilience, et certainement à ce respect d’une force naturelle auquel le respect est dû.  Pour nous, les dernière

En route pour les montagnes

Après avoir monté le camp, la douce brise qui amenait un minimum d’air s’est définitivement éteinte, nous laissant dans une humidité étouffante. Les orages nous obligent à monter la toile extérieure et la tente se transforme en véritable sauna. Même la nuit, nous ne pouvons pas stopper la transpiration excessive qui nous épuise. Ces derniers jours, nous buvons plus de 7 litres d’eau par jour et par personnes, pour Xavier et moi, afin de pouvoir compenser l’eau que nous perdons. Nous prenons alors du Nigari, composé de magnésium, pour compenser la perte de minéraux. Alors lorsque le lendemain nous commençons la journée en nous sentant déjà déshydratés par la nuit, c’est difficile. Surtout que nous entamons un col. 800 m de dénivellations dans des montées - décentes qui n’en finissent plus. J’ai l’impression d’avoir été essorée, tellement d’eau s’est écoulée de mon corps. Ce n’est même plus de la transpiration à ce stade, par moment c’est une flaque d’eau que nous laissons derrière nous

Tokashiki Jima

L’île de Tokashiki est composée de montagnes abruptes et vertes luxuriantes qui plongent dans l’océan aux teintes idylliques. C’est la plus grande de l’archipel de Kerama, même si elle a une superficie de 15 km2 uniquement. Ses falaises offrent des points de vue exceptionnels sur l’océan dont le bleu vibrant et translucide est si incroyable qu’il est désormais connu sous le nom de « Kerama Blue ».  Arrivé à la plage de Aharen, le contraste entre les eaux cristallines et le sable blanc est spectaculaire. Un banc de sable rejoint d’ailleurs la petite île inhabitée d’Hanari, qui se trouve à 800 m au large, mettant en lumière les incroyables teintes de l’eau. Pourtant, ce n’est pas uniquement le décor qui crée le joyau de Aharen. Dès que l’on entre dans l’océan, nous découvrons une faune exceptionnelle ainsi que des récifs de corail colorés. Nayla et Fibie partent en exploration des fonds marins. Nous découvrons des centaines de poissons tropicaux que Nayla et Fibie tentent maintenant de

Le typhon Shanshan

Au moment où j’écris ces quelques lignes, un puissant typhon arrive droit sur nous. C’est une attente, lente, intense, suspendue. Nous sommes à Minamiaso, sur l’île de Kyushu.  Cette gigantesque force venue du Pacifique arrive avec une lenteur qui surprend tout le monde, y compris les experts. Imprédictible, il a glissé presque insidieusement vers les îles d’Amami avec des vents violents, augmentant en un typhon de catégorie 3 puis 4. Arrivé aux portes de Kuyshu, il a calmé sa vigueur, mais les vents étaient déjà présents. Surtout, c’est sa lenteur qui terrorisait. Un passage rapide amène des souffles brutaux et des pluies torrentielles sur quelques heures, cette fois, la violence s’étend sur des jours. Le typhon a lentement tourné autour de la pointe de Kyushu pour remonter le long de Nagasaki et traversé l’île en plein cœur. Un passage rare pour les typhons : Puis il a poursuivi sa montée au Nord, traversant les 4 îles principales, mais cette fois en sévère dépression tropicale. Les