Accéder au contenu principal

Purification Shugendō


Après s’être prosterné, Xavier verse de l’eau sur la petite statue en pierre d’une divinité bouddhiste, il remercie et pose l’intention de la purification. Vêtu de l’habit blanc du pèlerin, il suit le moine qui nous emmène vers la chute. Un après l’autre, nous nous abaissons devant la statuette, devant la divinité pour entrer dans cette cérémonie de purification. Pieds nus, nous marchons dans la petite rivière à l’eau limpide et revigorante. Alignés le long de la falaise, nous sommes en petit cercle devant la chute d’eau. Le moineKensei Jin-no commence par une prière, puis il entre sous la chute et y reste durant quelques minutes. Ensuite, Xavier se place sous l’eau froide dont le plongeon de plus de 15 mètres lui arrive directement sur ses épaules. Les mains jointes au niveau du cœur, il se relie à l’élément de l’eau. Après quelques minutes, il se retourne. Le moine récite alors quelques sutras en lui frappant légèrement le dos avec un objet sacré. C’est à mon tour. Je fais un pas sous la chute, le souffle coupé à cause de la température de l’eau. Je me concentre alors sur ma respiration, je me relie à cette énergie fluide, bien que je ressens la puissance de cet élément se déverser sur mon dos. Après quelques minutes, je commence à trembler, mais surtout à sentir mon corps douloureux de cette force qui pourtant semblait insignifiante au début. Dans le temple Gokurakuji, les moines pratiquent la purification sous les chutes d’eau de manière ascétique suivant les cinq préceptes de l’eau. Ils sont ainsi autorisés à entrer dans la montagne sacrée d’Ishizichi et d’autres sanctuaires sacrés, en lien à la loi d’harmonie entre les divinités, les bouddhas et les hommes. Les cinq préceptes de l’eau nous interpellent et nous invitent à se relier à ces forces de transformation.

1. L’eau est active et déplace les autres.

2. L’eau cherche toujours son propre chemin et ne s’arrête jamais.

3. L’eau qui rencontre des obstacles, parle, se fait entendre et redouble son pouvoir.

4. L’eau se purifie elle-même, lave les impuretés des autres et a la capacité de combiner les choses pures et impures en elle.

5. L’eau est celle qui remplit l’océan de son immensité, émet de la vapeur, se transforme en nuages, en neige et en brouillard, se condense en un miroir clair, sans jamais pour autant perdre sa nature.


C’est au tour de Nayla puis de Fibie. Aspergées par les gouttelettes, elles tremblent déjà de froid, mais prennent leur courage à deux mains, et s’immergent sous la chute, les mains en prière. Le moine nous invite à un second tour. Je ne m’y attendais pas. Je retourne sous la chute, les dents claquants et pourtant ressentant le bienfait de cette cérémonie. Nous nous abaissons une dernière fois en remerciant la chute avant de longer la rivière et retourner au temple bouddhiste Gokurakuji.


Nous venons de faire notre première initiation au Bouddhisme Shugendō, une tradition spirituelle millénaire japonaise. Les montagnes sont considérées comme sacrée, lieu d’une divinité. Leur accès était donc interdit aux humains ordinaires, et plus encore aux femmes. Seuls des individus aux pratiques ascétiques rigoureuses avaient le privilège d’entrer dans ces sanctuaires sacrés. Ils étaient ainsi les portes-paroles entre les humains et la puissance de l’esprit des montagnes. Le Shugendo est la voie par l’expérience dont le développement de pouvoir spirituel a lieu exclusivement en montagne. La nature est alors la matrice du processus initiatique. Pratique à la confluence entre le chamanisme, l’animisme, le shintoïsme, le taoïsme et le bouddhisme, les prêtres sont nommés yamabushi, ceux qui dorment dans la montagne.


Céline, Xavier, Nayla et Fibie
_______________________________________

Incarnons ensemble le Changement:

Boutique:

Inscription au blog et/ou à la newsletter:

Suivez-nous également sur:

Commentaires

autre articles

Petit retour sur notre virée en Suisse

Un besoin profond de retrouver les siens, de se reconnecter à une terre de souvenirs, et de faire face à des réalités aussi bien personnelles qu’administratives. Entre retrouvailles, moments simples, nature retrouvée et épreuves physiques, ce passage devient une parenthèse précieuse, pleine d’émotions. Un passage en Suisse s’est imposé. Tout d’abord en nous. Après 2 ans, un élan nous poussait à retrouver les personnes chères à notre cœur. J’avais aussi besoin de revenir en Suisse, après l’envol de mon Papa, de retrouver sa terre, de sentir les odeurs, de me relier aux traces restantes de son passage dans ce monde physique. Et bien sûr de revoir ma Maman, de pouvoir l’embrasser, d’être présente. Les obligations administratives ont apporté la dernière touche pour transformer cet élan en une réalité. Notre avion part le 1er janvier du Japon. Nous sommes alors à Nara dans la maison d’hôte de Tatsuno San, le fondateur de Montbell. Dans l’archipel nippon, la nouvelle année est célébrée le...

Les célèbres poteries d’Inuyama

Inuyama est connu pour la qualité de ces poteries et pour leurs motifs particuliers. La production de poteries date des années 1680 déjà. Nous allons à l’atelier Goto Poterie, où un maître de plus de 70 ans y travaille encore. Descendant d’une famille de potiers depuis plus de 5 générations, son fils perpétue cette longue tradition d’artisans et d’artistes. -   Suivre ce blog  - Le maître, ce grand homme au regard franc, a beaucoup d’humour. Il nous explique d’abord comment préparer l’argile et le rendre mou afin de pouvoir le travailler. Leur atelier ayant été construit à côté d’une gigantesque montagne d’argile, ils extraient l’argile à l’endroit même. Il nous explique ensuite le processus pour terminer la poterie, environ une semaine pour sécher : une première cuisson à 800 °C pendant 8 heures, puis une deuxième cuisson à 1250 °C durant 28 heures. La décoration de la glaçure permet de mettre en valeur les motifs célèbres d’Inuyama le unkinde, le mariage des feuilles d’é...

Famille d’accueil à Minoh

Depuis le lac Biwa, nous roulons jusqu’à Minoh. 80 kilomètres dans un froid mordant, avec un vent de face. Nous n’arrivons jamais à réellement nous réchauffer. Le froid devient de plus en plus pesant. Nos corps commencent à être fatigués, nous sentons la neige arriver et avec elle, l’envie de mettre les skis. 80 km c’était un peu trop. Mais il n’y avait plus d’alternative au moment où nous le réalisons. Et ainsi nous arrivons avec les dernières lueurs du jour dans notre famille d’accueil de HIPPO pour notre conférence qui a lieu dans 2 jours. Chihiro nous accueille avec ces trois enfants Renka, Rin et Ram. Sportives et pleines d’énergie, les filles s’entendent à merveille. Le lendemain, nous allons voir la chute d’eau de Minnoh, longeons la rivière cristalline qui nous emmènent vers de magnifiques bâtiments en bois. Cette montagne est sacrée et fait partie du culte du bouddhisme Shugendo. Nous marchons ainsi dans ce lieu sacré recouvert de forêts et découvrons la chute d’eau de 33 m...

De passage en Suisse

  De passage en Suisse pour quelques semaines nous partagerons 3 conférences: "Spécial Japon"   Le Japon nous conduit au cœur de ses légendes et traditions  à travers 45 des 47 préfectures et sur plus de 20 '000 km. C'est ainsi que certaines des terres les plus mystérieuses du Japon nous ont été révélées. Et c'est parce que nous explorons le monde à la force de notre propre corps, depuis 15 ans, que nous avons été nommé  Japan Eco Track  Ambassadeur.   Bienvenue et au plaisir de te revoir Toutes les informations: ici Céline, Xavier, Nayla et Fibie -   Suivre ce blog  - _______________________________________ Incarnons ensemble le Changement: Etre créateur de nos Vies Boutique: Cartes / livres / photographie Inscription au blog et/ou à la newsletter: Inscription Suivez-nous également sur: www.ylia.ch instagram youtube facebook

On ne savait pas si nos jambes suivraient

Nous croyions que cette journée au bord du lac Towada serait paisible. Et pourtant… une question lancée à la volée a tout changé : « Et si on montait jusqu’aux volcans ? » En moins de deux heures, nous étions sur nos vélos, prêts à grimper cols et sommets, à travers forêts, torrents et névés surprenants. On ne savait pas encore si la météo tiendrait, ni si nos jambes suivraient. Mais quelque chose nous poussait à tenter l’aventure… Une petite route nous emmène au cœur des montagnes. Dans la végétation luxuriante, nous grimpons un kilomètre après l’autre. Ce chemin nous guide vers un petit passage, un col pour rejoindre le lac Towada. L’effort est intense, mais le chant des cigales et celui des oiseaux nous offrent un peu de réconfort. J’aime la musique de la nature, qui entrecoupe le profond silence. Les deux me permettent de rejoindre un espace de sérénité, où tout s’apaise en moi. Après un dernier passage raide, nous arrivons au col. Le bleu roi du lac se dévoile au centre des mont...

Sur les sentiers sacrés de Yamagata

Nous plongeons au cœur d’une nature intense, où la rivière Mogami-gawa déchaîne ses forces et les montagnes révèlent leurs secrets. Chaque instant est une découverte, un mélange d’émotions, de rencontres et de traditions vibrantes. Le chemin nous guide le long d’une piste cyclable qui longe la rivière Mogami-gawa. Nous sommes impressionnés par la puissance du courant, des rapides et remous. L’eau est tumultueuse, et pourtant turquoise. Le niveau est particulièrement élevé. Les larges lits dans ce pays sont souvent traversés par plusieurs bras et cours d’eau, laissant la place pour les crues rapides. Pourtant cette fois, le lit est complètement recouvert et les premiers arbres de la berge sont même sous le flot. C’est phénoménal ! Imaginer le débit est presque impossible ! L’eau provient encore de la neige qui continue de fondre. Cette année, plus de 5 mètres sont tombés ! Et alors que nous admirons le caractère sauvage de ce fleuve, le mont Gassan apparaît soudain. Large, ce volcan ...

Elles ont traversé le Japon… un coup de pédale après l’autre

Sous la lumière douce de la lune et le crépitement des braises, une simple soirée barbecue s’est transformée en une plongée inattendue dans le monde secret des alpinistes japonais et des amitiés sincères. Ce chemin à vélo à travers les 47 préfectures du Japon n’est pas qu’un défi sportif : c’est une traversée de cimes, de rencontres inoubliables et d’émotions brutes. Une odyssée où chaque virage, chaque col, chaque repas partagé éclaire un peu plus le sens de notre aventure.  À la lueur de la lune et des braises ardentes d’un barbecue, nous partageons la soirée avec Saya, Junji, Lisa et Kenji. Ibuki et Reiji, deux garçons de 4 et 2 ans sont en train de courir et jouer avec les filles. C’est la deuxième fois que nous rencontrons la famille de Saya et Junji. Ils nous avaient déjà accueillis lors de notre passage à Yamagata en 2023. Saya était alors enceinte de 7 mois. Cette fois, nous rencontrons pour la première fois Reiji, et découvrons leur nouvelle maison rénovée. Cela fait 2 ans...

Au rythme du vent et des rencontres

Nous reprenons la route, sacoches chargées, cœurs ouverts, prêts à affronter la pluie, les kilomètres et l’inconnu. Chaque détour nous offre une rencontre inattendue, chaque étape devient une aventure, entre gratitudes, défis et retrouvailles vibrantes. C’est à nouveau le grand départ. Demain, nous reprenons la route. Et comme à chaque fois que tout est nettoyé et propre, une pluie abondante est annoncée pour toute la journée... on espère passer à côté des gouttes, mais nous savons bien que nous serons détrempés. C’est presque un clin d’œil de la Vie, combien de fois sommes-nous repartis sous des pluies diluviennes. Nous en rions, même si nous nous sentons comme des chats qui à l’abri dans un cocon douillet, n’ont pas envie de mouiller leur pelage. On s’inquiète pour nous, Kiyoko San, la femme de Tatsuno San, fondateur de Montbell, chez qui nous sommes invités à Manyoso, a envie de nous aider. Nous devons récupérer notre matériel resté à Osaka et reprendre la route en direction de ...