Accéder au contenu principal

Les animaux sentent aussi le printemps


C’est le dernier matin à Togari. La neige recouvre encore les rizières en terrasse. Au bord des routes, de larges monticules ont été créés par des pelles mécaniques, afin d’accélérer la fonte de la neige tassée. Ces blocs blancs ressemblent à des champignons qui apparaissent partout dans la région. Ce sont les symboles du printemps. D’ailleurs, les oiseaux chantent et nous offrent cette mélodie comme un hymne à la vie. Partout, nous sentons l’énergie de vie renaître après l’hiver. Les pousses sortent de la terre dans les lieux les plus exposés au soleil. Nous les avons d’ailleurs utilisées pour teindre des œufs dans des pelures d’oignon. C’était un beau moment de partage, de découverte d’une tradition pour la famille Kanoe. C’était aussi pour moi le moyen de transmettre à Nayla et Fibie un peu de mon enfance et des souvenirs de Corrençon. 



Les animaux aussi sentent que le printemps est arrivé. Nous avons vu les renards à la chasse aux premières lueurs de l’aube. Nous avons découvert les traces d’ours ainsi que leurs excréments non loin de la maison. Ils sont bel et bien sortis de leur hibernation. Et puis un soir, deux ombres sont apparues. Après quelques minutes, nous les avons reconnus, les tanukis, les chiens viverin. C’est une espèce de raton laveur japonais carnivore de la famille des canidés. Je ne les imaginais jamais aussi grands et gros. Ils faisaient la taille d’un gros blaireau et avec leurs épaisses fourrures, ils paraissaient bien dodus. Nous les avons observés durant une dizaine de minutes, leurs comportements, leur volonté de se cacher du regard de l’homme, leur va-et-vient à la recherche d’une proie. C’était incroyable. Eux aussi sont sortis de leur hibernation, qu’ils passent enroulés avec leurs partenaires. 



Le Tanuki est aussi un symbole important au Japon. Ils apparaissent en statuette devant les restaurants, magasins ou les maisons pour la prospérité et la bonne fortune. Ils ont un look atypique avec leur chapeau de pèlerin en paille, un ventre rebondi, un air rigolo et une bouteille de saké dans la main. Ils sont aussi sculptés avec de gigantesques testicules. Dans la mythologie nippone, le tanuki est considéré comme un yokai, un esprit de la forêt aux pouvoirs légendaires et magiques. Avec son regard jovial, il fait partie des créatures malicieuses et maladroites qui se métamorphosent pour jouer des tours aux humains. Hormis le pouvoir de la transformation, il utilise son ventre comme tambour et ses testicules comme outil, comme parapluie et filet de pêche. Doté d’un esprit farceur, il fait partie des personnages humoristiques dans l’archipel.


Nous aimons les retrouver le long du chemin en statuettes, mais c’était incroyable de les voir ce matin  Nous aimons découvrir les animaux dans leur milieu naturel. Pour nous, c’est à chaque fois une surprise pleine d’émerveillement de pouvoir se connecter à leur énergie. Cette rencontre nourrit notre confiance en la Vie. 



Ce soir, nous disons au revoir. Nous passons la dernière soirée avec la famille Kanoe San. Le grand-papa Shigeki san offre une flûte en bambou à Xavier. Les enfants écrivent des messages partout dans la maison. Les yeux brillants nous nous disons au revoir, d’une belle connexion, d’une amitié profondément ancrée dans les souvenirs de ces 3 mois passés ensemble. Nous avons plongé au cœur de cet hiver japonais, pourtant les cœurs parlent un langage qui va bien au-delà des cultures.



Céline, Xavier, Nayla et Fibie

_______________________________________

Incarnons ensemble le Changement:

Etre créateur de nos Vies


Boutique:

Cartes / livres / photographie


Inscription au blog et/ou à la newsletter:

Inscription



Suivez-nous également sur:


Commentaires

autre articles

45 minutes dans un tunnel

Nous entrons en plein cœur de montagnes de l’île de Shikoku. Longeant les rivières, nous grimpons ensuite sur une longue montée de plus de 20 kilomètres qui doit nous emmener au pied de la montagne sacrée d’Ishizuchi. Soudain, nous nous trouvons face à un tunnel de plus de 5 kilomètres sans bande de sécurité. 5 kilomètres en montée, avec plus de 200 m de dénivellation, c’est plus de 45 minutes dans le tunnel en plein effort, sans possibilités de s’arrêter . « Est-ce vraiment une bonne idée ? » je demande. « Et toi, Nayla comment te sens-tu à l’idée de rouler dans ce tunnel ? » questionne Xavier. Pourtant, il n’y a pas d’autres options. Vu que le trafic est relativement faible, nous prenons notre courage à deux mains et pénétrons dans les entrailles de la Terre. 5 kilomètres c’est long ! On ne se donne pas le droit de ralentir, pour ne pas prolonger le temps dans cet espace confiné. Heureusement, le tunnel est bien ventilé et il n’y a presque pas de circulation. Toujours est-...

Retrouvailles après une nuit mouvementée

Nous sommes au bord de la tente en train de préparer un repas à base de millet et de légumes frais. La légère pluie devient de plus en plus forte. Ce ne sont plus des flaques sur la route, mais un ruissellement, le sol se gorge d’eau. Je scrute le ciel. Les éléments se déchaînent. Le vent devient violent. Les sardines lâchent. La tarpe claque et promet de se déchirer alors que le montant est tombé. Je le maintiens sous la pluie diluvienne et le vent me fouette le visage. Les bourrasques augmentent encore en puissance et nous recevons régulièrement maintenant des messages d’alertes sur notre téléphone portables. Forte pluie, vent puissant, glissements de terrain, routes fermées.  À 21 heures, la tempête bat toujours son plein et ne donne aucun signe de faiblesse. Nous savons que la nuit va être longue. Il faudra être à l’affût du moindre changement de situation. Soudain, le haut-parleur s’enclenche et une annonce bruyante résonne dans la nuit mouvementée. Quelques minutes plus tard,...

La magie des relations - Taiwan 2023

Taiwan, la longue queue à l’aéroport est interminable. Nous passons finalement l’immigration et la douane. La famille Yang est là, à nous attendre. Aux premiers regards, ils accourent! Je sens mes yeux se noyer dans les larmes. Tous nous prennent dans leur bras. Nous sommes de retour dans notre famille à Taiwan. Tout le monde est présent et pour la première fois nous rencontrons Nolan, le premier petit enfant de la famille. Jine était enceinte à notre dernier passage, il y a déjà 5 ans.  Nous nous retrouvons tous dans un restaurant! La nourriture à Taiwan est le centre de la vie! Chaque état d’âme est l’occasion de manger, comme si les plats avaient le pouvoir de créer du lien, de guérir, de rassurer, d’apaiser, de célébrer, de donner du courage, et pas uniquement symboliquement.  Lorsque nous pénétrons dans le lieu, nous ressentons tout de suite le changement de monde. Le passage aux toilettes en est un des rappels les plus rapides. Le papier toilette est absent ou il se trou...

L’apprentissage fait partie intégrante de la Vie

L’école pourrait nous faire croire qu’il existe un lieu désigné et un temps pour apprendre. Elle donne l’illusion que l’apprentissage doit être coupé du reste de la Vie pour être efficace. Elle choisit qu’il faut être assis et tranquille pour intégrer les informations. Pourtant, il n’y a pas de moments plus propices que celui de l’intérêt.  Il faut en moyenne 400 répétitions pour créer une nouvelle synapse dans le cerveau, selon des recherches récentes. Et pourtant, lorsqu’il s’agit d’un jeu, il ne faut que 10 à 20 répétitions.  Il n’y a pas, non plus, de lieux impossibles, assis sur le bord d’un trottoir en attendant le train, dans le bus bondé, à califourchon sur une branche d’un arbre, ou dans un café hyper bruyant.  Nous le savons tous bien, l’apprentissage se poursuit tout au long de notre existence. C’est ce qui nous rend vivants, c’est la découverte, l’exploration, la compréhension, l’expérimentation. Ce n’est pas s’asseoir devant une feuille de papier avec un cray...

14 ans à créer notre vie au cœur du vivant

Cela fait 14 ans que nous avons enfourché nos vélos pour partir sur les routes du monde. Aujourd’hui, nous ne le vivons plus comme un voyage, mais comme une manière de vivre, qui est alignée avec nos convictions profondes. Nous avons choisi d’honorer les lois du vivant, dans un monde en interconnexion constante avec chaque étincelle de vie. Ainsi dans une vision que certains pourraient appeler animiste, nous nous relions aux esprits des lieux et des éléments, des montagnes et des rivières et des animaux. Nous acceptons de faire partie du tout, nous acceptons que chacune de nos actions ont un impact sur le vivant. Au Japon, les anciennes traditions d’Okinawa sont reliées à cette vision du monde. Habitant sur de petites îles dans le Pacifique, la relation à leur environnement est très forte, imbriquée à leur mode de vie et manière d’être. Les typhons appellent évidemment à la résilience, et certainement à ce respect d’une force naturelle auquel le respect est dû.  Pour nous, les dern...

En route pour les montagnes

Après avoir monté le camp, la douce brise qui amenait un minimum d’air s’est définitivement éteinte, nous laissant dans une humidité étouffante. Les orages nous obligent à monter la toile extérieure et la tente se transforme en véritable sauna. Même la nuit, nous ne pouvons pas stopper la transpiration excessive qui nous épuise. Ces derniers jours, nous buvons plus de 7 litres d’eau par jour et par personnes, pour Xavier et moi, afin de pouvoir compenser l’eau que nous perdons. Nous prenons alors du Nigari, composé de magnésium, pour compenser la perte de minéraux. Alors lorsque le lendemain nous commençons la journée en nous sentant déjà déshydratés par la nuit, c’est difficile. Surtout que nous entamons un col. 800 m de dénivellations dans des montées - décentes qui n’en finissent plus. J’ai l’impression d’avoir été essorée, tellement d’eau s’est écoulée de mon corps. Ce n’est même plus de la transpiration à ce stade, par moment c’est une flaque d’eau que nous laissons derrière nous...

Nouveaux itinéraires à vélo

Derrière la gigantesque ville d’Hiroshima, qui se présente comme un symbole de paix, la rivière Ota nous conduit au cœur des montagnes. Elle se faufile entre les arrêtes plongeantes, entre les parois abruptes recouvertes de denses forêts. Avec la pluie, de la brume entoure les sommets et leur donne un caractère mystique. La route par moment est étroite, creusée entre la falaise et la rivière. Nous nous sentons portés à aller encore plus loin pour découvrir la magie de ces lieux. De retour à Akiota, nous retrouvons sa beauté, alors que les arbres commencent à se parer des couleurs flamboyantes de l’automne. Une douce sensation d’émerveillement nous accueille. Sur nos vélos, nous explorons alors les petites routes sinueuses de la région pour découvrir de nouveaux itinéraires. Elles nous emmènent dans des vallées étroites qui traversent les montagnes. Elles rejoignent les cols pour offrir le spectacle de panoramas enivrants . Elles suivent les torrents et les rivières à l’eau cristalli...

Le typhon Shanshan

Au moment où j’écris ces quelques lignes, un puissant typhon arrive droit sur nous. C’est une attente, lente, intense, suspendue. Nous sommes à Minamiaso, sur l’île de Kyushu.  Cette gigantesque force venue du Pacifique arrive avec une lenteur qui surprend tout le monde, y compris les experts. Imprédictible, il a glissé presque insidieusement vers les îles d’Amami avec des vents violents, augmentant en un typhon de catégorie 3 puis 4. Arrivé aux portes de Kuyshu, il a calmé sa vigueur, mais les vents étaient déjà présents. Surtout, c’est sa lenteur qui terrorisait. Un passage rapide amène des souffles brutaux et des pluies torrentielles sur quelques heures, cette fois, la violence s’étend sur des jours. Le typhon a lentement tourné autour de la pointe de Kyushu pour remonter le long de Nagasaki et traversé l’île en plein cœur. Un passage rare pour les typhons : Puis il a poursuivi sa montée au Nord, traversant les 4 îles principales, mais cette fois en sévère dépression tropicale....