La route nous propulse d’un paysage à l’autre, et chaque retrouvaille rallume l’élan qui nous pousse à avancer. Et quand le chemin hésite, on suit notre instinct : c’est lui qui ouvre les passages.
Après un dernier col au coeur des montagnes de Shiga, nous plongeons jusqu’au lac Biwa, la plus grande réserve d’eau douce de l’archipel. Son bleu paisible s’étire jusqu’aux montagnes qui s’élèvent sur l’autre versant. Vaste et lisse, elle est réconfortante, le soleil aussi. Sa lumière nous enveloppe d’une caresse chaude et douce. Plus loin le château d’Hikone se dessine sur la colline, l’une des 12 structures originels du Japon. Nous passons devant sa silhouette élégante.
Soudain, le vent se lève, puissant et impétueux. Le lac change de visage, métamorphosé : ses eaux, secouées par les vagues, se font sombres, ténébreuses, tumultueuses. Pourtant, un arbre nous tend ses branches pour nous abriter. C’est ici que nous montons la tente, bercé par les parfums de la terre, les chants des oiseaux et les premiers teintes de l’automne. Ce soir, il fait déjà sombre, de plus en plus tôt, pourtant la voûte se pare de milliers d’étoiles. Un ciel majestueux. Il est temps de regagner la tente, notre petit cocon, nos corps réclament le repos.
Sous un ciel changeant, nous poursuivons la route, longeant la rivière qui serpent au coeur de la vallée. Une rivière limpide, d’un bleu éclatant à chaque rayon de soleil fugace qui vient la rejoindre, l’effleurer. Nous traversons ces gorges encaissées, où quelques arbres timidement portent une de touche de jaune et de rouge. Nous nous faufilons entre les falaises avant d’atteindre un plateau en altitude, surpris de cette ouverture, de ce vaste dégagement. Puis nous plongeons à nouveau, cette fois, vers Nara.
Nous retrouvons alors Tatsuno-san et Kiyoko-san, nos amis, le fondateur de Montbell. La journée se déroule au cœur des montagnes de Yoshino, à Kurotaki, le long de la rivière Nyu. Nous découvrons un temple oublié, perché avec une vue à couper le souffle sur les montagnes de Kumano. Dans replis de la terre, aux sommet des montagnes, ou dans les sous-bois des cèdres, nous devinons des lieux isolés, vibrants, vivants. Des lieux qui nous appellent tout autant que Tatsuno san et qui nous unissent au coeur de cette amitié. Cette puissante force de l’exploration.
Nous entrons dans le tumulte de la ville pour recevoir notre prolongation de visa, pour des séances avec Montbell et pour travailler avec le team de développement sur des prototypes. Puis, il est temps de dire au revoir. Nous longeons la piste cyclable qui nous mène jusqu’à Kashiba. La route est splendide, le long de la rivière dont le murmure nous accompagne. Là-bas, nous retrouvons nos amis : Hasumi, Katsuaki et Yuka, dans leur petite maison traditionnelle. Ils l’ont restaurée avec soin : un véritable cocon, chaleureux et intime. Les soirées que nous y passons sont mémorables, pleines de rires et de douceur autour d’un nabe, une sorte de fondue chinoise. Nous visitons aussi le musée des sumos et nous essayons au ring, vêtus de tenues de sumo, sous les fous-rires hilarants des filles.
Pourtant, un doute persiste : où aller ensuite ? Le chemin n’est pas clair. Le froid s’installe, la saison avance, et nous venons tout juste d’échapper à la dernière pluie glaciale… Espérons que cela dure…
Nous déplions à nouveau la carte, tentant de sentir où la terre nous appelle. Puis soudain, une intuition : et si nous traversions les montagnes de Chūgoku depuis Kitakyushu ?
Alors nous roulons le long de la rivière Yamato, traversons tout Osaka hors du traffic jusqu’à atteindre finalement le ferry. Sur le bateau, le soleil se couche comme une boule de feu derrière l’île de Honshu. Le lendemain matin, nous sommes déjà sur l’île de Kyushu.
Nous traversons le tunnel sous la mer, conçu pour les piétons et cyclistes, une expérience assez incroyable. Nous l’avons déjà traversé lorsque Nayla avait tout juste 3 ans. Aujourd’hui encore, l’impression est la même.
Nous grimpons ensuite à travers Shimonoseki pour retrouver nos amis, Furue-san et Toshiko-san, les tout premiers Japonais à nous avoir accueillis, un soir de 2012, lors de notre arrivée dans le pays. Nous leur présentons Fibie, et la joie de ces retrouvailles nous enveloppe, avec comme célébration de la tempura.
Puis nous allons planter la tente près d’un petit port, dans un village où les montagnes semblent plonger directement dans la mer du Japon. L’eau émeraude est somptueuse. Les habitants nous saluent chaleureusement. Une femme nous offre des kakis : son fils vit en Australie, et elle est heureuse de nous aider, peut-être en espérant qu’à l’autre bout du monde, quelqu’un fasse la même chose pour son fils.
Nous savourons le plaisir de retrouver notre tente, ces moments simples bercés par la brise, l’odeur salée de la mer, et cette sensation profonde de nourrir encore et toujours notre choix de vie.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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