Au fil des flots, Yagishiri nous accueille comme une île hors du temps, vibrante d’une énergie singulière. Ici, la mer, le vent et les oiseaux dessinent un sanctuaire vivant, où chaque instant révèle la puissance fragile et magique de la nature.
Le ferry nous emmène sur la petite île de Yagishiri. Sur les flots bleu indigo, nous sentons la profondeur de la mer, sa vie sous-marine foisonnante. Nous ressentons surtout que l’énergie de cette île est bien différente de celle d’Hokkaido. Un peu comme si elle était porteuse de l’énergie féminine. Peut-être est-ce aussi en lien à cette terre Ainu, ou un totem qui apparaît sur un des rochers isolés dans la mer. Nous arrivons sur ce lieu refuge pour les oiseaux migrateurs. De nombreuses espèces rares y passent lors de leur long voyage, surtout des oiseaux marins.
Les petites routes nous guident sur cette terre légèrement vallonnée de 12 kilomètres de périphérie. Dès notre arrivée, nous allons nous baigner dans l’eau limpide. Entre les rochers et les algues vertes lumineuses, nous sommes heureux de retrouver les sensations de la nage. Cela fait longtemps. Pourtant, 20 minutes plus tard, nous devons courir pour aller prendre une douche froide avant de mettre une doudoune. La température est désormais fraîche. Puis, nous plantons la tente dans ce lieu inspirant.
Au coucher de soleil, les hirondelles virevoltent autour de nous, alors que les derniers rayons illuminent les graminées dorées en plumeau. En dessous des falaises, la mer bleu cyan chante la douce mélodie des vagues.
Le lendemain, nous partons explorer l’île, ses recoins isolés, ses petites routes, ses paysages uniques. Au point le plus haut, nous rencontrons Takahashi san. Il monte sa propre antenne et communique avec des amis en Amérique et en Europe. Nous avons la sensation de rencontrer un savent fou, pourtant cet homme est enthousiaste, passionné, vivant.
Cette terre est aussi traversée par la puissance des éléments. Nous en faisons l’expérience. De la légère brise, des vents violents s’abattent sur l’île. Le ferry est annulé. La mer est déchaînée. Cette puissance est magnétique, révélant de nouveaux paysages, dévoilant un tout autre visage. Le vent hurlant augmente en encore en force. Il est impétueux, violent. Rien ne l’arrête. Nous décidons alors d’aller dans la forêt à l’intérieur des terres. Elle nous offre un refuge. Et il nous semble que ce sanctuaire vert soit aussi un abri pour de nombreuses autres espèces.
Lentement la tempête se calme. Cette nuit, nous entendons à nouveau le chant des vagues. Au même moment, Xavier regarde hors de la tente. Une teinte étrange illumine le ciel. C’est la lune. Il y a une éclipse. Nous réveillons alors les filles. Lentement, la lune disparaît totalement, ne conservant qu’une pâle lueur légèrement orangée au-dessus des flots. Pendant 2 heures, elle reste dissimulée dans l’ombre de la Terre. Cette ombre permet aussi de révéler un tout autre spectacle. Tout autant magique. La Voie lactée s’illumine, des milliers d’étoiles apparaissent. Une profondeur apparaît sur ce gigantesque tableau noir. Nous nous sentons si petits et à la fois appartenir à un monde si vaste, qui réserve encore tant d’inconnus.
Le matin est à nouveau doux. Le soleil diffuse une douce chaleur, et les couleurs sont à nouveau radieuses. Nayla et Fibie étudient dans cette école à ciel ouvert. Puis, nous allons explorer à nouveau, les plantes, les oiseaux. Soudain, Xavier s’inquiète. Il pédale dans le vide. Son moyeu vient de casser. Impossible de rouler ! Qu’allons-nous faire?
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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