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Entre montagnes, mers et découverte


Traverser les montagnes sauvages du parc national d’Hidaka, franchir un tunnel de cinq kilomètres et déboucher sur l’immensité du Pacifique: l’itinéraire de ces quelques jours est une traversée sensorielle.


Impossible de repartir le matin sans plonger à nouveau dans l’eau limpide. Aujourd’hui, l’éclat des paysages est particulièrement vif. Les champs s’ouvrent jusqu’aux hautes montagnes majestueuses du parc national de Hidakasanmyaku-Erimo-Tokachi. Le plus grand espace protégé du Japon, un lieu sauvage centré sur les montagnes Hidaka qui s’étendent sur 140 km du nord au sud et qu’uniquement 2 routes traversent. Les teintes vertes bleutées de ces sommets, leurs arrêtes qui se chevauchent, les recoins isolés et sans trace humaine dégagent une puissance phénoménale. Nous sentons une telle force se dégager du paysage qui nous entoure. Lentement, nous quittons le monde des hommes, celui des grands champs et vastes prairies pour rejoindre les montagnes. Nous allons emprunter la route sud qui traverse cette zone protégée. Les vastes prairies d’herbes nous offrent un dégagement sur la voie qui se présente à nous. De hautes montagnes qui s’élèvent jusqu’à 2 00 m. Les cerfs apeurés s’échappent à notre passage, parfois accompagné de leur faon. Puis nous amorçons la montée. La route s’engage au cœur des montagnes ne laissant aucune indication d’un possible passage. Nous nous sentons pénétrer dans les entrailles de la Terre, au cœur ces espaces sauvages. À chaque fois, les passages les plus improbables nous permettent de passer les arrêtes enchevêtrées. Plus nous prenons de l’altitude, plus nous entrons dans ce monde insolite et sublime. Après des efforts intenses, nous arrivons à l’entrée du tunnel. 5 kilomètres dans ce trou noir et humide pour traverser les sommets qui s’élèvent plus de 1000 m au-dessus de nous. Heureusement, il est en descente. Mais il nous faut tout de même 20 minutes, englouti dans ce passage souterrain. Lorsque nous ressortons, il est déjà tard. Nous découvrons une source d’eau vers le petit et unique air de repos à 30 km à la ronde. Nous décidons d’y passer la nuit, même si ces montagnes sont le refuge de nombreux ours. Au contraire, nous sentons que ce lieu vibre d’une telle force de vie. Il nous ressource, nous vivifie. À cet instant, nous sentons réellement la vie nous traverser.


Une fois encore, les sommets nous offrent leur plus belle silhouette. Dans les 30 prochains kilomètres, nous sommes en état d’émerveillement. Les sommets majestueux, les torrents impétueux, les chutes d’eau plongeantes sont de toute beauté. Puis nous rejoignons quelques fermes. Les champs d’herbe laissent des ouvertures sur ce monde sauvage que nous quittons peu à peu. Soudain apparaissent les célèbres fermes de chevaux de la région d’Urakawa, leur pur-sang partant au galop à notre passage, fougueux. Leurs hennissements nous emportent ainsi jusqu’au rivage du Pacifique.


Cette étendue bleue, la salinité de l’air, le chant des vagues, renforce la sensation d’émerveillement déjà présente en nous. Le changement drastique de paysage nous arrache un cri d’euphorie. Du vert dense des terres sauvages, nous sommes face à la puissance du Pacifique. Sa rencontre fait naître en nous la magie des découvertes, des changements et de l’inconnu. L’océan se déploie dans toute sa majestuosité. Nous avons les yeux rivés sur son bleu infini, comme si une force invisible nous y attirait.


Nous longeons alors la côte, portés par un vent suffisamment fort qu’il nous donne la sensation de voler. Ce souffle nous conduit jusqu’aux formations rocheuses de Samani, dont nous ignorions l’existence. Fibie s’exclame. Elle a tellement envie de courir pieds nus sur la plage jusqu’au pied de ces gigantesques sculptures naturelles. Le moment est un peu surréaliste, comme si la beauté de la terre se dévoilait à chaque pas, à chaque contour. Nous décidons à l’unanimité de poursuivre même si l’idée de courir dans le sable est plus qu’alléchante.


Nous suivons ensuite les falaises qui plongent par endroit dans l’océan. Quelques chutes d’eau tombent en cascade le long des parois rocheuses. Les hauts sommets du parc national nous font des clins d’œil à chaque dégagement, surtout lorsque les rivières cristallines se jettent dans l’océan. On nous avait dit que cette région n’est habitée que par le vent...


Nous découvrons quelques petits villages de pêcheurs, isolés, à plus de 200 km des premières villes. La population vit de la pêche, mais aussi des algues de Kombu. Cette dernière pousse dans les eaux froides et riches en nutriments d’Hokkaido, formant de gigantesques forêts sous-marines. Toute la journée, nous voyons ces hommes et femmes déposer les longues algues de 5 à 6 m sur des places en gravier pour les faire sécher. Ils les gardent ensuite pendant une année à 3 ans afin de les faire maturer et accentuer leur douceur. C’est ainsi que le kombu développerait sa saveur umami, qui signifie savoureux en japonais. En fait, cette algue séchée est l’un des ingrédients principaux du dashi avec les flocons de bonito, qui sont la base du bouillon japonais pour la soupe miso par exemple ainsi que de nombreux plats. Le kombu serait surtout intéressant comme source de vitamine et de minéraux, pour faciliter la digestion ainsi que stimuler le système immunitaire et la thyroïde.


Nous roulons porter par le vent et cette sensation unique de rejoindre des lieux singuliers et inspirants et de découvrir les actes quotidiens de la population locale.

Céline, Xavier, Nayla et Fibie


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