Les couleurs qui parent les arbres sont le signe manifeste de l'automne qui s'installe. Ces nuances vives et flamboyantes transforment les forêts qui s'étalent à perte de vue. Du vert intense, les montagnes sont maintenant des tableaux chatoyants. C'est aussi la saison des kakis qui illuminent les branches de leur orange vif. Ils sont délicieusement onctueux. Les anciennes variétés, largement répandues dans les villages de montagnes, ne peuvent être mangées directement. Ils sont séchés afin de supprimer leur âpreté. Cela les rend encore plus sucrés.
L'automne, c'est cette saison lumineuse avec ces teintes chaleureuses, mais c'est aussi le moment où les journées sont de plus en plus courtes. Pour nous qui sommes toujours dehors, ce sont les longues soirées sous tente dans la nuit noire. Et les températures qui diminuent de jour en jour.
L’automne nous porte par ces couleurs, mais impose un retour sur nous. Nous sommes moins poussés à la découverte et plus à explorer les capacités de notre corps ou celle de notre esprit. Le froid et le noir nous dictent de rester concentrés sur nos forces, sur nos corps, sur notre capacité à faire confiance. Impossible de se projeter, le froid est trop mordant, il est nécessaire de rester ancré dans le moment présent. « J'ai chaud maintenant », « j'ai froid pour le moment » et ne surtout pas tenté de projeter la réalité de l'instant dans le futur. Ce n'est pas la seule peur qu'il faut éviter projeter. En traversant les montagnes, nous serons dans le territoire des ours. Et en cette période, ils sont voraces, ils se préparent pour leur hibernation. D'ici quelques semaines, de grosses chutes de neige peuvent recouvrir les montagnes.
Lorsque nous quittons Akiota, un soleil radieux nous accompagne, celui des journées d'automne, avec son ciel bleu profond, avec les odeurs d'humus qui commencent à renaître du sol, avec celle de l'humidité à chaque passage à l'ombre ou au revers des sommets. Au soleil, c'est agréable, mais dès que nous passons dans les forêts, un souffle glacial nous accueille. Nous longeons la rivière Ota dont les reflets bleu indigo contraste avec les quelques ginkos jaunes soleil. Après un petit col, nous remontons la vallée sur plus de 30 km, entrant au cœur des montagnes. Quelques sanctuaires shintoïstes sont magnifiquement illuminés par des arbres aux couleurs ardentes. Ils marquent ce respect aux esprits des éléments naturels. Le sanctuaire n'est que la forme, le lieu-dit, mais les prières s'adressent à l'invisible, à l'esprit des arbres, celui des montagnes ou celui des rivières.
Après plus de 50 km, le soleil commence déjà à tomber sur l'horizon. Il est à peine 4h00. Nous rejoignons le bord d'une rivière pour y monter la tente. Nous sommes à l'abri du vent, mais la rivière apporte sa fraîcheur. Il nous reste quelques minutes avant que les derniers rayons disparaissent derrière les sommets. C'est la course. Nous nous dépêchons pour prendre notre «douche» avec la douce lumière sur notre peau. Nous nous lavons avec des gants de toilette jemako qui ne nécessitent pas de savon. Mais l'eau est glaciale. Nous nous hâtons alors de nous habiller avec les bonnets, les doudounes en plumes et de grosses chaussettes. Nous roulons encore avec des pantalons ¾, non pas temps à cause des températures clémentes, mais c'est toujours agréable de savoir que nous avons une couche supplémentaire à porter pour les journées plus froides. Peut-être une manière de rassurer notre mental que nous ne sommes pas encore à la limite, que nous ne sommes pas encore en hiver, que le froid n'est pas encore si intense.
Avec l'humidité qui se dépose instantanément, nous sommes obligés de monter une tarpe pour préparer le repas du soir. Les filles sont dans la tente en train de lire et de jouer aux échecs. Après le souper, il est à peine 19h30. Pourtant, nos corps sont épuisés et il fait déjà nuit noire. Finalement, nous versons moins d'une heure plus tard dans la chaleur de nos sacs de couchage. Notre corps est fatigué d'avoir dû lutter toute la journée pour maintenir sa température, la nuit promet d'être longue.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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