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Un sanctuaire pour écrire


La petite vallée nous emmène au cœur des forêts luxuriantes. Après un col, nous découvrons un lac bleu cobalt, un barrage. L’eau serpente entre les arrêtes des montagnes qui plongent directement en son sein. Nous longeons ensuite la petite rivière Kurose. Elle nous guide jusqu’à Furai No Sato. C’est ici que nous rencontrons Tamura San, un homme d’une trentaine d’années. Grand et fin, il est surtout un passionné aux idées innovantes. Il rénove des maisons traditionnelles. Au Japon, les maisons sont souvent abandonnées. Les petits villages sont délaissés par les plus jeunes générations préférant vivre dans les grandes villes. Les maisons familiales sont le lieu où résident les ancêtres dont les urnes ont généralement été enterrées dans la propriété. Ces maisons ne peuvent être vendues et ne sont plus habitées. De même, elles ne sont pas rachetées à cause des esprits qui pourraient les hanter. Il n’y a donc ni l’offre ni la demande. Le Japon que nous découvrons risque bien d’avoir un tout nouveau visage dans un temps relativement court.


Tamura San nous emmène vers une des petites maisons qu’il a rénovées. Elle est isolée quelque part dans la montagne. Après une pente à plus de 10 % nous arrivons enfin face à cette demeure en bois. Elle est entourée de forêt, complètement plongée dans un vert intense. Nous entrons et découvrons sur notre gauche une grande pièce en bois, sobre. La cuisine et la salle de bain sont séparées par des parois en bois sur notre droite. Au deuxième étage, il y a une grande chambre en tatami qui peut être séparée par des parois coulissantes. Nous nous y sentons instantanément bien, apaisé au cœur d’une nature luxuriante. Lorsque nous ouvrons les grandes fenêtres situées de chaque côté des pièces, le vent circule librement, les chants des crickets nous rappellent que l’été n’est pas encore fini, et nous avons la sensation d’être dans un sanctuaire naturel. Il n’y a pas de séparation avec l’extérieur, c’est comme si nous faisions partie de la forêt.


À peine arriver que Nayla et Fibie vont prier face au petit autel. Elles deviennent plus japonaises que les enfants nés sur l’archipel. Elles remercient les esprits. Je suis surprise de les voir spontanément agir avec tant de respect.


Nous restons pour y écrire le livre. Un lieu parfait pour se relier aux énergies inspirantes de la nature, une petite retraite plongés dans la douce mélodie des chants d’oiseaux, des stridulations des criquets, du bourdonnement des abeilles, et des cris des singes. Certains clans viennent d’ailleurs nous rendre visite, font les fous sur les branches, se balancent le long des lianes et mangent les fruits des arbres.


Nayla prépare des exposés sur les volcans et les coraux en français et en anglais, Fibie sur les tortues de mer. Pour sa présentation orale, Fibie écrit de petites notes. Pourtant, je réalise avec surprise qu’elle écrit en Kanji ! Ce sont les symboles chinois qui font partie de l’écriture japonaise. Elle adore les apprendre et en connaît déjà plus d’une centaine. Avec Xavier, ils font la compétition pour savoir qui en reconnaît le plus.


Parfois, un chat vient nous rendre visite. Il est tout noir et surtout très câlin. Il se frotte à nous pour le plus grand bonheur des filles.


Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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