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La maison est secouée


Il est 21 heures. Nous sommes paisiblement assis sur de petits cousins plats, face à une table basse en train de boire une infusion. Dehors, les fenêtres dévoilent une nuit noire où les étoiles se détachent, encore plus brillantes qu’à l’ordinaire, en dessus des cimes des majestueux cèdres du Japon. Soudain, les fenêtres commencent à taper, les bruits s’accentuent, la maison bouge. Un tremblement de terre! Nayla et Fibie dorment en haut dans leur futon sur les tatamis. Tout bouge, tout tremble, et le vacarme de la maison secouée est de plus en plus fort.


J’allais rejoindre les filles, lorsque finalement tout s’arrête. Le bruit, les secousses. Tout redevient paisible. Nous plongeons à nouveau dans le silence. Les remous viennent de l’intérieur, des veines dont le sang pulse avec ardeur, des battements du cœur qui tambourinent notre poitrine. Nayla et Fibie ne se sont pas réveillées. Elles poursuivent leur nuit tendrement enroulée dans leur cocoon en soie. La terre a parlé, difficile de ne pas l’entendre au Japon. Sur la ceinture de feu, il semble que les éléments s’affirment avec encore plus d’ardeur. Farouches, ils nous rappellent notre insignifiance, mais peut-être plus encore notre interdépendance. Celle que l’humanité a choisi d’ignorer.


Chaque jour, nous entrons en contact avec les énergies de la Terre. Chaque jour, nous humons le parfum de la rosée. Et chaque jour, nous allons nous baigner dans la rivière, située à 2 km en contrebas dans une pente à plus de 10 %. Sur les berges, des roches, des pierres et des galets sont un terrain de jeux idéal, pour créer des sculptures, peindre et façonner des chemins. Parfois nous méditons ou faisons du yoga en équilibre sur les plus gros rochers. En face, dans la forêt épaisse, des macaques viennent nous observer. Mais c’est surtout la rivière qui nous appelle. Son eau bleu turquoise est d’une clarté exceptionnelle. Sous l’eau, la visibilité est parfaite et sa teinte forme des reflets stupéfiants. Sur plus de 50 mètres, nous nageons dans un bassin naturel, passant entre les rochers immergés, se faufilant dans le courant, jouant dans cette eau pure. Puis, nous grimpons pour atteindre un petit ponton naturel avant de sauter dans l’eau. Les passages d’escalades délicats deviennent de plus en plus faciles avec l’entraînement et les sauts de plus en plus acrobatiques.


Il y a une sérénité dans ce lieu, comme si la rivière invitait à une renaissance. À chaque rayon du soleil qui transperce l’eau turquoise, elle s’illumine d’une beauté cristalline. Elle donne vie aux paysages. Embrassés par cette énergie, nous nous sentons profondément vivants.


Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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