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Au son des coquillage


Nous découvrons une des plus anciennes traditions de la montagne sacrée d’Ishizuchi.

Alignés sur une petite table devant le temple Gokurakuji, nous découvrons les Horagai, des énormes coquillages en forme de conque. Provenant des îles d’Okinawa ou des Philippines, ils sont utilisés comme des instruments de musiques, grâce à leur chambre de résonance naturelle.


Le moine Kensei Jin-no nous fait tout d’abord une démonstration, avec plusieurs mélodies qui symbolisent les messages traditionnellement utilisés par les pèlerins pour communiquer dans la montagne. Les sons peuvent être graves ou aigus en fonction de la signification qui leur est associée. Souffler dans le horagai est une manière d’annoncer que l’on monte sur un chemin, que l’on entre dans un temple, que l’on demande à participer à un rituel ou que l’on exprime sa gratitude. Les sons dépendant aussi de la tradition locale reliée à chaque montagne sacrée. Vers le mont Ishizuchi cette pratique était si courante que même le facteur avait habitude de souffler dans un horagai lorsqu’il distribuait le courrier aux habitants de la montagne. Les sons des horagai sont surtout en lien aux pratiques du Shugendō. L’accomplissement d’un pèlerinage ou l’ascension d’une montagne équivaut dans cette tradition à une renaissance. Les sons de ces coquillages sont ainsi la célébration de cette renaissance et de la pureté de l’esprit.


Nous prenons les horagai dans les mains et essayons de souffler. Nous nous rendons tout de suite compte de la difficulté à produire un son. Le moine nous invite alors à essayer de souffler par-dessus les montagnes, comme un son qui s’en va au dessus des plus hauts sommets. Cette image est parlante et déjà une vibration se produit. Un son profond sort de notre corps, nous sommes étonnés de cette voix qui se propage au-delà des cimes. Après plusieurs tentatives et quelques découragements, Fibie arrive elle aussi à émettre un son, surprenant même le moine.


Plus que des instruments de musiques, ce sont aussi des offrandes aux divinités. On peut alors entendre les horagai résonner dans des vallées cachées et profondes, ou au sommet des montagnes sacrées. Leur voix est ainsi une offrande et un message de bénédiction dans un son qui ne fait qu’un avec la nature. « Que tous ceux qui entendent cet appel soient purifiés et éclairés et qu’ils bénéficient de la protection divine ».


Nayla trouve cette pratique si inspirante, qu’elle a déjà trouvé son prochain défi. Elle souhaite plonger en apnée pour aller chercher son propre coquillage dans un récif corallien quelques parts dans le monde, puis gravir toutes les montagnes sacrées afin de faire résonner ce son naturel au-delà du paysage. Elle entre déjà pleinement dans l’esprit du Shugendō.


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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