La biodiversité de Tokunoshima est incroyable, ne serait-ce que pour ces somptueux récifs coralliens composés de plus de 200 espèces. Mais pas uniquement, nous y découvrons par exemple un tunnel végétal de plus de 200 m qui conduit à l’océan. Il est constitué par des Sagous du Japon centenaires. Ce qui extrêmement rare pour cette plante qui ressemble à une sorte de fougère sur un petit arbuste.
Il y a des millions d’années, Amami Oshima et Tokunoshima se sont détachées du continent eurasien et ont lentement dérivé dans les eaux du Pacifiques. Cette distance à permis à certaines espèces de flore et de faune, aujourd’hui éteinte sur le continent, de survivre. Ces espèces uniques n’existent donc plus que dans ces deux îles de la préfecture de Kagoshima.
Nous allons avec notre ami Massahiro à la découverte des espèces de cette île dans les montagnes du centre. Dominées par le mont Inokawa qui culmine à 645 m d’altitude, elles sont recouvertes de denses forêts que très peu de routes ou de chemins traversent. Les arbres et plantes, là-bas, sont nourris par les fortes pluies qui atteignent 3 00 millimètres par année et qui abritent de nombreuses formes de vie, dont un lapin noir, le lapin Amami. Nous partons ainsi à sa recherche de nuit. C’est à ce moment qu’il se dévoile. La journée, il reste tapi dans son terrier.
Dans la nuit noire, nous roulons sur une petite route à la pente abrupte au cœur de la forêt. Soudain, nous découvrons un Ibo-imori, l’echinotriton d’Anderson. C’est une sorte de triton noir qui n’a pas évolué depuis des milliers d’années et qui est ainsi qualifié de « fossile vivant ». Espèce en danger, elle est protégée. Nous sommes ainsi ravis de découvrir cet incroyable spécimen.
Secrètement, Massahiro San est parti en mission pour aller faire la chasse au serpent. Et pas n’importe quel serpent, Le Habu, un crotale extrêmement venimeux. Il n’y a d’ailleurs pas encore de véritable anti-venin, étant donné que l’injection du sérum actuel conduit souvent à des chocs anaphylactiques. Le venin du Habu est extrêmement puissant et contient des toxines qui détruisent non seulement les tissus, mais aussi les globules rouges. Encore aujourd’hui, une morsure peut conduire à la mort. Cette chasse au serpent est connue et récompensée sur l’île. Le serpent est alors conservé pour la recherche médicale d’un anti-venin ou alors pour la médecine traditionnelle japonaise, notamment placé dans une bouteille de saké pour ces propriétés.
Dans la voiture, de nuit, il nous explique qu’il suit la route des Habu. « Si j’en vois un, je vais le capturer. Restez dans la voiture et ne sortez surtout pas ! » s’exclame-t-il dans une voix à la fois pleine d’excitation que la chasse lui procure et à la fois ferme, d’une consigne que nous n’aurions pas envie de transgresser.
Soudain, Massahiro freine brusquement, puis recule. Il illumine le sol avec sa puissante torche. Le faisceau lumineux éclaire le serpent qui s’évade. Il laisse sa proie, une souris morte sur le sol. Ni une ni deux, Massahiro sort de la voiture. Il prend un long bâton avec une sorte de boucle à son bout. Il attrape le serpent, qui se débat avec force et tente de le mordre. Nous voyons sa gueule s’ouvrir laissant apercevoir ses longues dents pointues. C’est impossible pour le serpent de s’enfuir de cet anneau qui le maintient au milieu du corps. Notre ami va ensuite chercher une cage dans laquelle il va glisser le serpent, puis l’enfermer. Il remet ensuite la cage à l’arrière de la voiture et repart.
Abasourdis, étonné de la vitalité et fugacité des gestes de notre ami, et de la rapidité de l’attaque du serpent pour se défendre, nous voilà assis dans une voiture, avec le serpent, le plus venimeux du Japon, à moins d’un mètre de nous, juste derrière nos sièges. Nous entendons d’ailleurs les cliquetis peu rassurants de la cage métallique, alors que le Habu se débat avec ardeur et s’essaye de s’échapper farouchement. Nayla et Fibie ne peuvent s’empêcher d’être désolées pour le serpent capturer, la seule pensée que cela aide à trouver un antidote à sa morsure les apaise. Mais le crotale qui continue sa lutte durant plus de 2 heures comprend le triste sort qui l’attend.
Entre-temps, nous continuons d’arpenter les petites routes de montagnes. Soudain, nous avons la chance de voir un lapin et son petit. Nous sommes face aux célèbres lapins noirs d’Amami avec leur tête attendrissante. Ils ont l’air si vulnérables dans ses forêts denses et pourtant totalement adaptés à leur milieu. Après plus de deux heures, à apercevoir quelques lapins et à essayer de retrouver d’autres Habu, nous rentrons finalement à minuit. Fibie s’exclame alors : « Pour mes 7 ans, on est allé chasser le Habu, le serpent le plus dangereux du Japon ! C’était l’aventure ! »
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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