Vu que la route est barrée à cause du glissement de terrain, nous prenons une route parallèle qui nous emmène en direction de la ville d’Isa. Nous débouchons ainsi sur les chutes d’eau de Sogi. Le spectacle est incroyable. Avec les gigantesques quantités d’eau qui sont tombées en une semaine, le débit est irréel. La force de cet élément liquide nous apparaît dans toute sa puissance. Cinq grandes chutes se déversent dans les rapides sur une largeur de plus de 200 m. L’eau rebondit, tourbillonne, s’élance. Elle a un pouvoir hypnotisant, et donne les frissons. Sa force dévoilée, l’érosion devient un phénomène naturel facile à concevoir, tout comme sa capacité de destruction. L’émerveillement appelle à l’humilité.
Nous commençons ensuite la montée en direction du plateau d’Ebino, et dormons dans un parc avec la vue sur la forme conique des volcans actifs de la chaîne de montagnes de Kirishima. Le lendemain, nous entamons le col. 500 m de dénivellation sur une distance de 5 km, du 10 % de moyenne. Nous alternons entre averses et humidité intense, dans un sens comme dans l’autre, nous sommes détrempés. Avec l’effort de la montée, notre corps subit une transpiration excessive qui nous vide de notre eau. Avec des pentes si abruptes, le poids du vélo de plus de 120 kg est un fardeau. La vision de la route qui se poursuit dans des pentes raides en est presque démoralisante. « Mais rappelle-moi pourquoi on monte ? » Fibie est obligée de marcher, me libérer ainsi d’une vingtaine de kilos à transporter dans les hauteurs. Pourtant, je souffre. Cette fois, je ne sais pas si je vais y arriver. J’atteins ma limite physique. Et celle de mon mental. Alors que la tension interne ne cesse de monter depuis plus d’une heure, je lâche et laisse couler quelques larmes. J’accepte que ce soit peut-être trop pour moi. Une pause.
Je repars. Cette fois, je ne suis plus dans la lutte, ce qui m’offre finalement une pointe d’énergie supplémentaire. Et 100 mètres après l’autre, j’avance. Pour finalement rejoindre le lieu où un camping est inscrit sur notre carte.
– « Impossible de rester ! Le camping est fermé ? Mais vous rigolez ? » s’exclame Xavier.
Dégouliants de sueur, nous sommes pourtant obligés de poursuivre alors que nous venons de rejoindre le seul lieu où nous espérions camper. Là, où un tanuki vient de nous saluer. Nous sommes abattus. Nous décidons alors de poursuivre vers le shiratori onsen à un kilomètre. Le dernier lieu habité.
C’est une excellente idée. L’eau de source est incroyable agréable et le onsen extérieur donne une vue panoramique sur la vallée et les montagnes alentour. C’est exceptionnel. Puis nous allons dans un bain de vapeur naturel, fait à partir de la source d’eau chaude. Nous entrons dans cette bâtisse en bois après avoir traversé un ruisseau à l’eau limpide qui remplit le bassin d’eau froide. Enfermés dans une pièce sombre, la vapeur à l’odeur de souffre, crée un hammam naturel. C’est une expérience unique au Japon.
Nous quittons la sérénité du lieu pour trouver un lieu où camper. Nous montons le camp sur un petit plateau de quelques mètres qui nous offrent une vue imbattable sur la vallée. Seuls face au spectacle, nous avons même droit au coucher de soleil. Nayla est ravie de se retrouver ici, à camper sur ce replat composé de grosse pierre, qui bien que peu confortable nous offre un lieu de contemplation ainsi qu’un peu d’aventure.
Le lendemain, nous appréhendons tous les 7 kilomètres qui nous attendent. Nos muscles se souviennent encore de l’intensité de la montée, et notre mental aussi. Pourtant, la pente est légèrement plus faible et régulière. C’est incomparable. Finalement, nous rejoignons les plateaux d’Ebino. Et cette fois, nous sommes face aux volcans actifs du parc national d’Ebino-Kirishima.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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