Le soleil est radieux. C’est la fin de la saison des pluies. Mais la quantité d’eau qui s’est déversée libère une gigantesque humidité dans l’air. Cette fois, nous sommes détrempés de transpiration, surtout que l’île est composée de montagnes qui plongent dans l’océan. À chaque passage de rivière, nous rejoignons la côte pour grimper ensuite dans des cols qui nous permettent de passer les arrêtes. C’est aussi beau que le terrain est dramatiquement sculpté. Nous quittons la dernière île de cette descente vers le sud à travers cet enchevêtrement d’île et de presqu’île et traversons le pont de Kuronoseto. La vitesse des flots qui se déversent entre les deux berges est impressionnante. Les marées donnent d’ailleurs lieu à des tourbillons gigantesques, qui atteignent une vitesse de 8 nœuds.
Les montées n’en finissent plus sous un soleil de plomb. Nous contournons la ville d’Izumi et poursuivons notre ascension en direction de la ville d’Isa. Soudain, un homme dans une camionnette s’arrête. Il nous explique que la route est barrée. Suite à la violence des intempéries, un glissement de terrain rend la route impraticable d’ici 5 kilomètres. Nous sommes dépités. Je sens à nouveau cette peur monter en moi. Le terrain a été détrempé, de la pluie supplémentaire due à des cumulus pourrait créer des glissements de terrain. Et nous nous dirigeons au cœur des montagnes.
Nous arrivons face au barrage après des efforts intenses dans cette chaleur étouffante. Nayla n’en peut plus. Elle veut s’arrêter dans le premier parc, mais l’homme de la camionnette insiste. Il souhaite absolument nous inviter chez lui. Nous sommes alors face au dilemme, toujours le même:
Se respecter ou prendre les opportunités qui se présentent à nous ?
La limite est toujours fine, d’une rencontre qui peut être incroyable, ou d’une longue soirée avec un homme dans un lieu inconfortable ou insalubre dans lequel nous ne nous reposons pas. Faut-il monter la tente pour que les filles puissent avoir leur petit cocon ? Pourtant, quelque chose nous pousse à accepter, certainement aussi cette gratitude pour ce don spontané.
Nayla ne dit pas un mot le long des 3 kilomètres de montées que nous subissons. Elle est furieuse. Elle aurait voulu rester et monter la tente. Pourtant, quelque chose nous dit que c’était important. Tout d’abord parce que nous ne savons même pas quelle route est réellement praticable actuellement.
Finalement, l’expérience est incroyable. Nous partageons un repas avec cet homme qui vit au cœur des montagnes. Nous dormons dans la chambre en tatami face à l’autel qui est construit dans les murs de la maison. Il prépare les légumes qu’ils cultivent dans son jardin et nous offre même de faire notre lessive. Au petit déjeuner, sa belle-mère nous rejoint. Elle a 89 ans. Nous parlons alors dans un japonais haché avec cette femme. Les embrassades de Nayla et Fibie resteront gravées chez cette femme et notre hôte. Et alors que nous disons au revoir, les yeux brillants des deux Japonais laissent échapper une larme.
Fibie a pris l’adresse de Tomihara pour lui envoyer une petite lettre. Comme un clin d’œil, pour dire merci à son incroyable accueil.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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