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Montagnes ou littoral ?

 

Une fois encore nous sommes appelés par les montagnes et par les terres mystiques du Japon. Les monts sacrés de la péninsule de Kii semblent nous attirer à l’intérieur de terres sur les chemins ancestraux des pèlerins de Kumano. Nous décidons de suivre cet appel et partons dans les cols qui nous emmènent au cœur de ce paysage fantastique de montagnes luxuriantes. 



Nous longeons les rivières offrant des passages au milieu de ce relief composé de collines abruptes. Elles méandres sur la terre et prennent lentement de l’altitude. Nous rejoignons les premiers onsens dans ces vallées perdues. Les singes sont présents et parfois ils jouent sur les branches au-dessus de nous. La première journée de montée était incroyablement ensoleillée. Le déluge de la journée précédente fait briller la nature d’un éclat encore plus intense. Le lendemain, les nuages restent accrochés aux montagnes et une fine pluie commence à abreuver la terre.



L’humidité présente témoigne de la nature profondément verte qui nous entoure. Pourtant, il ne cesse pas de pleuvoir. Les prochains 1’000 mètres de dénivellations gardent cette atmosphère mystique, entourés de nuages et de pluie. Les chutes sont gorgées d’eau et nous offrent de magnifiques spectacles. Nous transpirons de gravir ces pentes et avons froid à chaque arrêt. Pourtant arrivée au col, après l’effort intense, la température de nos corps chute. Nous sommes gelés. Nous nous changeons le plus rapidement possible et essayons de trouver un lieu pour planter la tente, quelques parts au cœur de ces montagnes. 



Nous espérions avoir un point de vue, mais les nuages restent figés sur les sommets. Nous sommes au cœur du brouillard jusqu’à 9 heures le lendemain matin. Nous patentions pour espérer voir le ciel bleu et avoir la récompense de la montée! Il nous reste 30 km sur la skyline. Enfin le soleil arrive pour nous sécher, nous réchauffer et nous offrir la vue sur les montagnes à l’infini. La route passe sur des arrêtes, de chaque côté les versants plongent des centaines de mètres dans l’abysse. Parfois, nous aurions espéré un peu plus de vue, mais souvent les arbres nous entourent. Alors lorsqu’un espace nous offre un dégagement, nous nous arrêtons pour admirer cette nature qui se déploie à perte de vue.



Nous imaginions la skyline légèrement plate, pourtant les dénivellations n’en finissent plus, nous sommes maintenant à plus de 2’000 m de montées en trois jours. Nous avançons lentement, mais nous sommes en harmonie avec le paysage qui nous entoure, en connexion avec la terre.



Nous ressentons ce que les pèlerins d’autrefois vivent, une communion avec la terre. C’est toujours dans le chemin que la magie opère. 



Dans les derniers kilomètres, nous longeons le ruisseau chantant qui nous emmène à Koyasan. Partis des sanctuaires shintoïstes de Kumano né des anciennes traditions de la civilisation nippone, nous pénétrons dans un haut lieu spirituel du bouddhisme Shingon. En reliant les deux, nous passons d’une tradition à l’autre, comme autrefois lorsqu’elles étaient en syncrétisme. Nous nous imprégnons surtout des hautes vibrations de ces lieux. Nous sommes un peu hésitant à l’entrée de Koyasan, un lieu devenu de plus en plus touristique. Pourtant aujourd’hui, le village est paisible, comme si nous arrivons le jour parfait pour pleinement ressentir les vibrations de ce lieu. Nous nous retrouvons sans le vouloir le long du hall aux lanternes vers le mausolée de Kobo Daishi, le moine qui a établi ce lieu de prière. Nous avons souvent croisé le chemin des pèlerinages de Kobo Daishi, notamment à Shikoku vers les 88 temples. 



Près du mausolée, les arbres sont fantastiques, des géants témoin du temps passé. Nous passons dans le temple Garan, face aux pagodes et à la grande porte. Nous nous émerveillons de l’ambiance spirituelle du lieu. Nous admirons l’élégance de chaque petit détail, de ces anciens temples traditionnels. Nous nous sentons profondément liés à ce chemin. Ces deux derniers mois, nous passons d’un lieu spirituel à l’autre, au-delà de nous, comme si le Japon mystique s’ouvrait à nous.




Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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