Seul, le mont Fuji domine le plateau d’altitude de la préfecture de Yamanashi. Son cône arrête les précipitations et les nuages, il est donc souvent caché derrière un voile. Pouvoir l’observer n’est donc pas un dû, au contraire. Cela nourrit le mystère et lui confère un caractère imprévisible et impétueux.
De nombreuses précipitations s’abattent sur ses flancs et pourtant aucune rivière ne s’écouler le long de ses pentes. Composé de sédiments volcaniques et de lave poreuse, l’eau pénètre facilement dans le terrain, comme aspirée par le volcan. Elle ressort sous forme de source près de la base de la montagne après avoir été filtrée durant de longues années. Les sources d’Oshino font partie de cette eau pure et limpide qui sort des profondeurs du mont Fuji. Sacrées, elles sont révérées par la population locale depuis des temps immémoriaux.
Lorsque nous arrivons, les cerisiers japonais sont au paroxysme de leur beauté. Ils créent une allée magnifiquement fleurie autour de la rivière Katsura. Le souffle du vent fait naître un spectacle envoûtant. Les douces rafales emportent les pétales. Après quelques virevoltes, elles se déposent délicatement sur les flots. Elles se laissent porter par le courant comme des perles flottantes. Je ressens cette scène d’une pure beauté comme une invitation à déposer tout ce qui est prêt à s’envoler, tout ce qui ne nous nourrit plus, toutes les limitations qui ne nous servent plus. Une ouverture à s’alléger vers plus de liberté intérieure, de joie, de légèreté. Les sakura s’envolent pour nous montrer comment il est doux et léger de lâcher prise. Le laisser-aller dans la justesse et la beauté du moment.
En pleine contemplation, nous rejoignons un temple bouddhiste. Nous y sommes accueillis par une cérémonie particulière dans le village. Là, le moine libère les vœux par le feu. Nous nous retrouvons au cœur de la communauté pour ce moment de vie et de spiritualité. Comme porté par l’énergie pour entrer dans ce moment de prière.
En sortant, nous sommes tout sauf prêts à affronter la foule de ce lieu UNESCO. Pourtant, les sources d’Oshino Hakkai sont incroyables. L’eau est d’une pureté inimaginable. Les plantes aquatiques vertes lumineuses dessinent le flux et reflux de la source. Chacun des puits possède une légende. Nous avons aimé la source miroir, Kagami. Elle a la capacité spirituelle de discerner le bien du faux. Dans le passé, lorsqu’il y avait des disputes entre les habitants, ils se baignaient dans l’eau afin que les tensions soient libérées, que le différend puisse être résolu et que l’harmonie s’installe à nouveau.
L’énergie de la source bleue Sokensahi nous a inspirés. Signifiant, « le puits sans fond », la profondeur de cette fissure laisse l’eau bleue d’une limpidité extraordinaire apparaître. Cachée à l’écart, l’intimité du lieu nous permet de nous relier à cette eau sacrée.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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