Okamoto San vient nous rejoindre dans la gigantesque descente du col. Cet homme athlétique a une énergie sans fin et un humour joueur. Entre nous, le courant passe instantanément. Il est une connaissance de Anne, avec qui nous avions roulé à Kambara. Il nous accueille chez lui durant quelques jours et a organisé avec la ville de Shingu une conférence. Il est en train de monter sa propre compagnie pour emmener des personnes à la rencontre des trésors cachés de Kumano à vélo, à pied ou en kayak. Son dynamisme donne le rythme dans les échanges comme dans le tempo à vélo. Nous devons lui rappeler que nos vélos pèsent plus de 100 kg chacun au lieu de 7 kg comme le sien. Toujours est-il que nous volons dans cette descente, face aux paysages somptueux et au bleu cyan de la mer. Nous nous arrêtons au bord d’une chute d’eau avant de poursuivre jusqu’à l’océan.
Les falaises d’Onigatse apparaissent, les falaises du démon. La légende raconte qu’un ancien pirate redouté, Tagamaru, y vivait. Il hantait la population et était considéré comme l’incarnation du diable. Caché dans ces falaises, il attaquait les navires de passage. Bien qu’autrefois la majorité des villages de la région était accessible uniquement par voie maritime ou par de longues marches de plusieurs jours à travers les montagnes escarpées de Kii. Fibie adore grimper le long de ces roches qui plongent dans l’océan bleu roi. Elle aime les formations ainsi que la grande plateforme creusée par les éléments où vivaient les pirates. Le chemin longe les falaises jusqu’à rejoindre la petite ville de Kumano devant laquelle une large plage de sable blanc se dessine. Vu la hauteur des protections en bétons, on imagine facilement les terribles tempêtes qui proviennent du Pacifique. D’ailleurs, il est interdit de s’y baigner. Les fonds marins sont très profonds et les courants si forts qu’ils aspirent les personnes vers le large. Pourtant, sur la plage, c’est la fête, la journée des enfants ! De gigantesques banderoles en forme de carpe flottent dans le vent. Sur plus de 500 m des koi nobori de toutes les couleurs dansent. Les filles reçoivent des choux à la crème en forme de tortue, symbole de cette région où les bébés émergent du sable au clair de lune afin de rejoindre l’océan.
Okamoto San nous emmène ensuite vers le sanctuaire de Hananoiwaya, qui est reconnu comme un des plus anciens sanctuaires au Japon. Ici, il n’y a pas de bâtiment, mais c’est l’esprit d’une gigantesque pierre qui est priée. Deux fois par an, une longue shimenawa est amenée au sommet, alors que l’ancienne est rompue depuis la plage après une cérémonie de danses et de chants. Dans ce lieu sacré réside la déesse-mère Shinto, la créatrice de la vie et de la mort. C’est aussi une porte aux mondes souterrains. Il est le lieu où certains mythes sont nés, et les esprits de nombreuses divinités sont encore présents ici.
Nous allons ensuite nous baigner dans une rivière cristalline avant de finalement rejoindre la maison d’Okamoto san. Elle se situe dans un petit village au pied des montagnes boisées. Les rizières en terrasse recouverte d’eau créent de gigantesques miroirs d’où sortent à intervalles réguliers les pousses vertes lumineuses. Cette ancienne maison traditionnelle est magnifique. Nous sommes charmés par le lieu. Nous rencontrons aussi sa femme, Mutusmi san (Muchan). Douce et patiente, elle a une profonde force de vivre, et nous a préparé un incroyable repas fait maison à base de riz, de radis daikon, de courge, d’ocra et d’algues. C’est un repas incroyable. Nous en sommes touchés. Pourtant, la journée a été longue et nous endormons à peine allongé sur les futons dans la chambre en tatami, bercé par une douce gratitude.
Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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