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Comme attiré par un aimant


Auprès des flancs du mont Fuji, l’idée de redescendre dans la vallée de Tsuru n’est pas réjouissante, ni pour notre esprit qui a envie de se relier à cette montagne sacrée ni par notre corps qui rechigne une nouvelle montée. Pourtant, il annonce un temps exécrable durant 3 jours. Nous cherchons toutes les possibilités, puis acceptons finalement de redescendre vers cet homme qui nous a invités il y a déjà plus d’une année. Comme attiré par un aimant, tout s’aligne pour que nous y alliions, même la pluie. Rien pourtant ne nous avait préparés à cette rencontre. 



«  Bienvenu dans mon temple Zazen  » Yamamoto San nous accueille avec une cérémonie du thé. Je regarde Xavier, les yeux humides de gratitude. Je vois que lui aussi est ému, de ce moment hors du temps, du chemin qui nous y a menés et de l’expérience qui se présente à nous. Nous ressentons une profonde humilité, si petit face au pouvoir de la Vie dans sa destinée. Comment partager le profond émerveillement que nous vivons, cette sensation d’être portés par le courant dans des situations que nous n’aurions pas pu rêver. 



Un homme de 83 ans nous accueille. C’est le moine d’un temple de Bouhisme Zen. «  Je suis le 43e moine de ce lieu spirituel qui date de plus de 500 ans.  » Après la cérémonie du thé, il nous invite à dormir dans la chambre d’ami du temple. Ensuite, nous rencontrons sa fille Miho san  : «  mon père rêvait qu’un jour ils accueilleraient des gens comme vous.  » nous souffle-t-elle. Nous plongeons au cœur d’un Japon indescriptible, traditionnel et à la fois d’une ouverture d’esprit incroyable. Yamamoto San a fait du voilier en Alaksa, sa fille du travail humanitaire au Myanmar et au Cambodge. Ils ont aussi créé une école pour accueillir les enfants en nature. 



Durant trois jours, nous sommes émus de gratitude. L’entrée de ce lieu est protégé par deux gigantesques cèdres japonais et une porte datant de la période Edo. Les fleurs sauvages poussent au bord du temple ainsi que des arbres ornementaux splendides. Un érable japonnait au tronc tortueux souligne son grand âge. Nous allons déguster les nouilles traditionnelles de la région, des sortes de Udong très épaisses qui se mangent avec de la viande de cheval. Nous nous baladons dans la forêt et Fibie découvre un bois de cerf. Nous ramassons des pousses de bambou et les faisons cuire sur un feu de bois avec le voisin Kotske san et sa famille. 



Puis Maho et ses amis nous invitent à un barbecue dans une ancienne maison traditionnelle. D’une architecture incroyable, nous sommes sous le charme. Nous nous y retrouvons avec une vingtaine de personnes. Tous amoureux de la nature et enthousiasmés d’apporter un changement à la société, nous parlons de choix de vie, d’éducation, de connexion à la nature. Nourris de cet échange, ils remercient chaleureusement le moine Yamamoto San de nous avoir invité et des expériences et enseignements que nous partageons. Partout dans le monde, de plus en plus de personnes s'impliquent à faire naître le changement, pour montrer que c'est possible de vivre différemment, pour offrir un autre futur aux enfants. Kotske san a par exemple choisi d'arrêter son travail de physiothérapeute pour s'occuper de sa famille et être autosuffisant au niveau de la nourriture par des jardins et des champs de riz. Kosuko san travaille dans la biomasse énergétique. 



En partant, nous recevons une bénédiction, en priant et mettant de l’encens sur l’autel au son du tambour qui vibre dans le temple Zen. Si le mont Fuji est une montagne si spirituelle, c’est sans aucun doute elle qui nous a conduits à vivre cette expérience.



Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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