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Un des sanctuaires les plus sacré au Japon

La tempête se poursuit sans accalmie. L’orage est de plus en plus violent. Le tonnerre gronde de tous les côtés. Soudain, les éclairs viennent augmenter le décor apocalyptique. Il fait jour d’un coup et le fracas qui suit n’a rien de rassurant. Dehors dans le feu de l’action, je mesure les dangers, tous mes sens sont en alertes et je détecte tout changement de situation. À l’intérieur de la tente, les filles sont terrorisées. La toile est tellement affolée que c’est difficile pour elle de garder le calme, surtout qu’elles ne voient rien de ce qui se passe à l’extérieur. Elles ne peuvent qu’imaginer… 



« La tente va se déchirer ! Va dedans avec les filles ! » Hurle Xavier pour contrer la fureur du vent et le bruit sourd du tonnerre. J’entre dans la tente et je vois le regard apeuré des filles. Je m’assieds de manière à soutenir la tente. Je sens la force du vent qui appuie contre mon dos. Je comprends l’angoisse des filles dans cette tourmente et les rassure. Elle s’inquiétait aussi pour nous. Me voir arriver est déjà apaisant. Durant plus de 2 heures, nous sommes sur le qui-vive. La tempête ne s’arrête plus ! Je suis intriguée par la puissance qui nous fait face, en même temps l’adrénaline et la nécessité de trouver des solutions m’ont préservé de l’effroi. Intuitivement, je sais que c’est le moment d’être totalement alerte et présente, d’être attentive à chaque détail, à chaque changement. Sur cette péninsule, il n’y a rien qui arrête les tempêtes du Pacifique ! 


Mais les éclairs semblent cette fois se déplacer. Très lentement, chaque élément se calme tour à tour. Nous avons droit à un peu de répit. Nous nous dépêchons alors de manger le riz à moitié cuit et quelques carottes et légumes crus. Nayla et Fibie ont faim et il peut être utile d’avoir quelques réserves dans l’estomac si la tempête reprend. Finalement, c’est le calme. Nous sommes épuisés, vidés de notre énergie. 



Le lendemain, nous allons rejoindre un lieu qui va nous recharger d’une puissante énergie. Nous prenons le ferry et roulons jusqu’à Ise et ces fabuleux temples shintoïstes. Nous sommes dans un des sanctuaires shinto les plus sacrés du Japon. Il honore la déesse Amaterasu Omikami, la déité de la lumière céleste. Elle est la déesse suprême liée aux origines mythiques du Japon. Ce sanctuaire est un ensemble complexe, mais il existe deux temples principaux, le sanctuaire intérieur dédié à la déesse solaire et le sanctuaire extérieur dédié à la déesse Toyokawa. Ils sont séparés de 6 kilomètres. Le Grand sanctuaire d’Ise est réputé pour avoir abrité le miroir sacré de l’empereur du Japon, un des trois abjects indispensables à la succession impériale. 



Nous pénétrons dans ce lieu d’une spiritualité vivante. Nous traversons le magnifique pont Uji en bois avant d’arriver face au grand Torri. Après nous être abaissés en signe de respect, nous entrons dans le site. Nous découvrons des danses traditionnelles, accompagnées par d’anciens instruments. Le mythe d’un dragon est conté à travers les mouvements. Puis nous poursuivons au cœur de ce site mystérieux, en pleine forêt.



Soudain, nous restons bouche bée face aux géants qui appariassent. Des cyprès japonais multi-centenaires se dressent avec majesté. Leur tronc est gigantesque. Il semble être un chemin vertical direct jusqu’aux cieux. Fibie et Nayla accourent pour sentir leur écorce, pour se connecter à leur grandeur. Il semble difficile d’imaginer que leurs racines s’enfoncent aussi profondément qu’il se déploie hors de la terre. Puis nous arrivons face au sanctuaire, dont seule une partie est accessible et visible. Les bâtiments ont construit en bois de cyprès massif et n’utilisent pas de clous. Des charpentiers spécialement formés, appelés miyadaiku, utilisent une technique d’emboîtement des joints pour construire ces structures solides. 



Le plus inspirant dans ce lieu est que les sanctuaires intérieurs et extérieurs ainsi que le pont Uji sont démontés et entièrement reconstruits tous les 20 ans. Ce processus s’appelle Shikinen Sensu, suivant les croyances shintoïstes de renaissance et de renouveau, de l’impermanence de toutes choses. Ce processus permet aussi de transmettre les techniques de construction et des connaissances à la génération suivante. Nous sentons à quel point cette tradition permet de recréer le lien à la terre, de recréer le lien à la spiritualité pour ne pas oublier, pour rendre la spiritualité vivante. 


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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