Route historique de Nakasendo

 

Nous poursuivons la montée le long du col. La voie est de plus en plus encaissée. Cette fois, nous ne pouvons plus voir les sommets enneigés, mais sommes plongées dans les entrailles de cette vallée incroyable. Les arbres prennent lentement les teintes lumineuses des couleurs de l’automne. À l’ombre des collines qui nous surplombent, la température reste glaciale, surtout que nous atteignons la limite des 1’000 m d’altitude. La vallée semble s’enfermer de plus en plus dans un terrain difficile. C’est là que se trouve la vallée Kiso, au cœur d’anciennes forêts. 



Ce n’est pas tant les décors intemporels qui nous ont marqués. Des ruelles à la saveur d’un Japon oublié qui subsiste encore dans ces maisons traditionnelles et dans les détails qui créent la magie de ce pays. Les maisons traditionnelles nous en avons vu des centaines. Non pas celle lissées par la nécessité d’être belles pour le regard de l’autre, non celle que nous avons vues se trouvaient dans des villages le long de la route. Des maisons où la porte était restée ouverte une fraction de seconde, nous laissant découvrir la vie banale et d’autant plus exotique de ces personnes âgées, agriculteurs de leur petit lopin de terre, assis par terre sur des tatamis. Ces derniers n’avaient pas l’odeur délicieuse du bois, mais l’odeur âpre de la rigueur d’une vie qui parfois ne devait pas être simple. Nous sommes entrés dans ces maisons traditionnelles, où l’eau ne s’arrête jamais de circuler, parce que dès les premières gelées, les conduites peuvent exploser à l’intérieur. Nous avons rencontré ces hommes et femmes qui encore aujourd’hui vivent dans des maisons presque sans isolation dans des régions où les températures peuvent chuter à -20 °C. 



Kieso malgré la beauté de ces villages reste une façade de la vie japonaise. Mais une façade qui en dit long tout de même. Ne serait-ce que pour ces splendides forêts qui les embrassent. Ces villages, tels que Tsumago ou Magome, font partie de la route historique de Nakasendo, qui signifie la voie traversant les montagnes. Effectivement, cette piste permettait de relier 67 petits villages et jouait un rôle crucial pour le commerce entre Kyoto et Tokyo. Mais ce que je ressens n’a rien du commerce, cette vallée était surtout un lieu spirituel à travers des montagnes sacrées. Un chemin qui emportait le marcheur dans un périple bien plus grand que ce qu’il imaginait. Je me retrouve d’ailleurs devant un petit temple. Une énergie bien particulière emplit le lieu. La cour extérieure porte cette touche de délicatesse japonaise. 



Je comprends alors la grandeur du temple. C’est ici que passait le thé Uji provenant de la préfecture de Kyoto pour être conduit à pied jusqu’au Shogun, le grand empereur résident à Tokyo. Des cérémonies et de nombreuses lois accompagnaient le passage de la procession. Même si ce Japon mystérieux s’expose dans les ruelles de la vallée de Kieso, nous nous empreignons encore davantage à chaque fois que quelques kilomètres plus loin, nous entrons dans l’ordinaire du quotidien, non pas dans le Japon des cartes postales, mais celui de la vie de tous les jours.



Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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