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Premières gelées

 

Longeant la magnifique piste cyclable d’Azumino nous arrivons droit sur le splendide château de Matsumoto construit au XVI siècle. Surnommé le corbeau, il fait partie des 12 derniers châteaux authentiques du Japon. Il n’a jamais été le centre de combat, mais était surtout présent pour montrer la puissance du clan, même si aucun seigneur ni aucun soldat n’y ont jamais vécu. Il n’y a d’ailleurs ni salle pour la cuisine ni latrines dans l’enceinte. Construits en bois, la structure a été recouverte de plâtre très épais afin de le protéger des flammes. Depuis une des pièces en particulier, la tradition raconte qu’il est possible d’admirer trois lunes. L’astre est visible dans le ciel, dans le reflet de l’eau des douves et dans le verre de saké ! 



Un fort vent de face glacial nous contre maintenant. Nous remontons une vallée au cœur des montagnes. Cette fois, l’automne arrive de plein fouet. Épuisés, nous trouvons un petit parc pour y monter la tente. À l’aube, nous découvrons la première gelée. Une épaisse couche de givre recouvre nos vélos et nos sacoches ! Le froid mordant épuise nos corps déjà fatigués. En plein col, je commence à sentir mon corps hurler, défaillir. Cette fois, je ne suis plus sûr d’arriver à terminer notre grand projet du Japon… 


Je suis vidée de mon énergie. Une profonde fatigue s’empare de mon corps douloureux. Évidemment, cela amène une tension supplémentaire pour tous. Le froid arrive sur un équilibre déjà précaire d’un corps fatigué, des émotions qui ne demandent qu’à être entendues, des besoins qui se font de plus en plus crieurs. 



Cette fois, je n’ai plus le choix. Je ne peux plus passer en force. Je suis poussée à mettre de la douceur, de la gratitude, de l’émerveillement pour nourrir mon corps. Certes, je dois traverser les cols des Alpes japonaises dans le froid, mais je choisis de le faire non plus dans la force, mais dans l’écoute de ma vulnérabilité….


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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