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A la stupéfaction se mêle la terreur

 


Ce soir, il fait froid et la nuit est déjà tombée. En cette saison en particulier, nous percevons chaque minute de soleil que nous perdons face la noirceur qui s’installe. Nayla et Fibie dessinent paisiblement dans la tente en attendant le souper. Elles aiment ces moments protégés dans leur petit cocon à laisser libre court à leur créativité. Soudain, c’est la confusion. La lampe accrochée à la toile se balance avec ardeur, donnant la sensation qu’elle clignote jour-nuit. Les matelas volent à l’intérieur du petit cocon, les crayons sont projetés, la toile se débat dans un bruit de froissement inquiétant. À la stupéfaction se mêle la terreur. 


« C’est le chaos ! » hurle Nayla. J’entends la voix paniquée de Nayla et les pleurs de Fibie. 




Quelques heures plus tôt, nous venions de rejoindre l’océan. Comme à chaque fois que nous le retrouvons une douce sensation nous envahit. « Que c’est beau ». À la première occasion, nous plongions dans l’eau froide du Pacifique. Les vagues étaient magnifiques. Nous avons alors joué dans les mouvements de l’eau tout en mesurant la force des courants marins de ce titan. Je devais tenir Fibie pour qu’elle ne se fasse pas éjecter contre les galets à chaque déferlante. Puis nous avions poursuivi le long de la côte jusqu’à rejoindre le phare.



Nous aimons ces symboles de lumière, ces guides au cœur de la tempête. Lorsque nous sommes arrivés au Cap Irago, au bout de la péninsule, nous avons cherché un lieu pour planter la tente décidant de prendre le ferry le lendemain.



Un panneau nous interpellait avec Nayla, sans que nous prêtions réellement attention vu le soleil radieux. Dessus, le dessin d’un enfant essayait d’échapper à une vague qui semblait l’attraper. « En cas d’intempéries, éloignez-vous des côtes » était inscrit en petites lettres. Notre attention a subitement été détournée sur l’océan et Xavier qui venait de trouver une place parfaite pour monter la tente. Il n’y avait pas un souffle.



Après avoir monté le camp, il commence à faire nuit. Des gros cumulus sont en train de grandir comme une immense colonne. Nous avons de la peine à distinguer si ce sont de simples nuages ou un orage qui se prépare. Mais vu le calme, et ce front qui se trouve uniquement sur la péninsule de Wakayama au loin, nous n’en faisons pas cas, mais gardons tout de même un œil sur les premiers signes d’un changement de situation. Xavier prépare le souper et j’ai un important rendez-vous téléphonique professionnel. Au premier éclair qui se dessine au loin, je coupe court à la discussion. Je vois soudain 3 éclairs dans le gigantesque front encore au loin. J’ai à peine le temps de fermer l’ordinateur qu’une puissante rafale fait voler quelques objets. Sauf que la rafale ne s’arrête plus. Je cours vers la tente en entendant Nayla et Fibie qui commencent à paniquer. Je les rassure en deux secondes, et range l’ordinateur parce qu’il commence à pleuvoir. Je rejoins Xavier qui tente de ramasser les objets volants. À la prochaine rafale, c’est le réchaud allumé qui est presque parti alors que la tarpe est si violemment secouée qu’elle va se déchirer. Au même moment, la tente est en train de se soulever ! Xavier court mettre des tendeurs supplémentaires et ordonne à Nayla et Fibie de s’asseoir du côté du vent pour maintenir la tente au sol. Je m’occupe du réchaud pour ne pas que nous nous brûlions, et tente de ranger tout le matériel qui se fait détremper puis j’aide Xavier à plier la tarpe au bord de la rupture. Il pleut de plus belle et le tonnerre gronde de tous les côtés. Il y a une telle violence ! La vitesse inouïe à laquelle cette tempête nous a assaillait est à l’image de son intensité. Tous les éléments se déchaînent. C’est alors que le petit panneau me revient en tête… 


Qu’allons-nous faire ?


 


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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