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Nous allons nous transformer en tofu!



Le tonnerre gronde, les éclairs illuminent le ciel. L’orage arrive ! Comme des abeilles, nous nous activons avec frénésie pour monter le camp et tout mettre à l’abri. Une heure plus tard. Le calme revient. Il n’y a finalement pas eu une goutte de pluie, mais nous sommes exténués. La douceur de la soirée s’est transformée en lutte pour la survie. Il est temps de nous coucher. 


J’ai la sensation que nous n’arrivons plus à nous arrêter comme lancer dans un mouvement qui nous oblige à avancer. D’ailleurs, j’ai le frein arrière qui ne fonctionne plus, malgré les tentatives de réparations à Xavier. Finalement, nous n’avons pas le choix, même les magasins n’ont pas cette pièce de rechange, nous devons la commander et attendre encore une semaine pour qu’elle arrive ! Je vais devoir rouler avec un unique frein ! Heureusement, nous arrivons bientôt à Tokyo où nous avons une adresse pour recevoir du matériel. 



La chaleur se poursuit, même si elle est légèrement moins intense. Nos corps ont besoin de repos. Ils ont besoin d’être hors des éléments, la pause à Tokyo sera la bienvenue, en espérant que nous trouvions un lieu dans lequel nous pouvons nous reposer ! La conférence à l’ambassade suisse a été déplacée d’une semaine, nous allons donc devoir improviser pour rester dans cette mégapole !

Nous buvons aussi du Nigari, la solution qui reste après avec extrait le sel de l’eau de mer. Elle est pleine de minéraux, notamment du chlorure de magnésium. Utilisés au Japon pour faire la fabrication du tofu, nous allons en boire en petite quantité afin de refaire nos réserves de minéraux qui ont été vidées par la transpiration excessive de cet été dont la canicule a duré plus de 4 mois ! L’été le plus chaud au Japon ! « On va se transformer en tofu ! » Ce sont exclamés Nayla et Fibie après avoir goûté à l’amertume de la préparation. 


Cette fois, nous n’arriverons pas à la conférence à temps. Nous demandons alors à la municipalité de nous donner un coup de main et de venir nous chercher. Pourtant, tout semble compliqué. Nous réalisons finalement une dure réalité. La majorité des villes qui nous ont accueillies n’ont simplement pas réalisé que nous sommes arrivés à vélo. Ils n’ont pas compris que lorsque nous arrivons au lieu dit, nous sommes fatigués, transpirants, que les filles ont faim, et qu’il nous faut au moins une heure pour nous préparer et s’occuper de nous, avant d’être disponible pour les autres. Ils n’ont pas réalisé que nous n’avions pas besoin de pins à transporter ou d’un Kamawanu’s Tengui supplémentaire, ces tissus teint en utilisant la technique « Chusen » qui datent de plus de 150 ans. La même couleur créant des teintes différentes en fonction du temps, de la température et de l’humidité. Et même si nous apprécions à chaque fois ces tissus colorés et teints à la main que nous utilisons pour emballer nos légumes et les fruits, nous aurions parfois simplement besoin d’être accueillis avec un café, ou une glace pour les filles. Avec notre endurance et nos 13 années d’expérience, nous nous sommes si bien adaptés, que personne n’a vu ou eu conscience de ce que nous avons dû gérer afin d’arriver prêts aux conférences. Alors lorsque les discussions deviennent compliquées pour une aide de 30 km bien que nous venons de rouler 4 000 km pour rejoindre leur communauté, nous nous questions. Ou plutôt nous éclatons de toute cette pression que nous nous sommes mise sur les épaules. Nous avons la sensation de ne pas être respectés ? Mais nous sommes-nous respectés nous-mêmes ? 

Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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