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Instant magique à Tokyo

 

La salle se remplit de plus en plus. Les auditeurs viennent s’asseoir face aux écrans. Ceux que nous avons déjà rencontrés le long du chemin viennent nous saluer. C’est le moment de débuter. Environ 150 personnes me regardent. Je suis devant cette assemblée, au cœur de la mégapole de Tokyo, dans la maison mère de Montbell. Je sens l’émotion m’envahir. Non pas celle de la peur. Non. Je ressens la présence qui m’habite, la confiance, la puissance de dire oui à ma voix intérieure. Une fois encore, je présente notre vie d’aventure et surtout les choix qu’elle nous a amenés à prendre. Ces conférences sont parfois un moyen pour moi de prendre du recul, de prendre conscience chaque coup de pédale que nous avons réalisé. Plongés dans l’intensité de notre quotidien, j’en oublie parfois sa saveur si différente, ces choix si extravagants, ces traversées si redoutables, ces paysages si inspirants. Lors des moments de partage, je revois et revis toutes ces sensations, tous ces lieux. Je vibre le désert de Gobi ou la toundra arctique de l’Alaska. Je sens cette vague de liberté qui nous porte. Je nourris ce choix de faire confiance à la Vie et de faire don de notre confiance à nos filles. Je réalise alors tout le chemin que nous avons parcouru. Pas celui extérieur, mais celui intérieur.



L’émotion qui m’anime, je la sens passer dans l’auditoire. Je sens cette énergie qui touche l’un ou l’autre, pour différentes raisons. Je vois une larme qui coule, un rire qui éclate, un visage qui se transforme. Je suis reconnaissante pour ces instants de communion, de cette ouverture, de cette brèche qui permet à chacun de sortir de son quotidien pour sentir qu’il n’y a pas de limites dans l’ouverture de tous les possibles. Un élan de gratitude m’embrasse, je sens mes yeux briller des larmes qui sont montées en moi. 



Deux heures plus tôt, alors que nous étions en conférence de presse, un homme est entré dans la salle. Je lève la tête et au moment de le voir, je sens mon corps se décomposer. Une larme s’écoule sur mon visage. Nayla est déjà en train de courir vers lui. Je m’excuse et marche vers lui. Je sens aussi l’émotion monter en lui. Après une grande accolade, nous éclatons de rire, comme pour libérer l’émotion des retrouvailles. Shigeo nous a recueillis alors que nous traversions une des plus grandes tempêtes de nos vies. Il était là comme un ange sur le chemin, pour nous apporter la sécurité nécessaire afin que nous puissions traverser le typhon intérieur qui hurlait en nous. Il nous a accueillis alors que la naissance de notre petit garçon était devenu sa mort. Perdus au cœur du deuil, il était là. Aujourd’hui, sa présence est un cadeau précieux. Aussi pour Nayla, de ce lien si fort qui nous unis tous. 



Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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