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Croquer à pleine dent dans une pomme

Deux jours durant, Ailee, Viera et Ben, plongent au cœur de notre univers. Pour Ailee, 9 ans, la fatigue se fait lentement sentir, la détermination diminue avec l’effort physique. Bien sûr c’est intense, non pas parce que nous roulons beaucoup, mais parce que subitement elle perd tous ses points de repère. Tellement de premières fois pour elle, comme cette pomme qu’elle vient de croquer ! Elle n’avait jamais croqué à pleine dent dans un fruit, des lamelles ont toujours été coupées pour elle. Elle découvre alors cette délicieuse sensation. 



Hier, nous avons dormi au bord de la rivière. La soirée était relativement froide et humide. Cet emplacement ressemblait plus à nos endroits habituels de camping. C’était sauvage. Se laissant porter Viera et Aliee trouvent que cette vie est plus facile que ce qu’elle avait imaginé. Je pense alors à la danseuse qui défie la gravité par ses mouvements. Par la maîtrise de son art, chaque geste paraît si facile à exécuter. Par la maîtrise de notre nomadisme, nous leur avons offert une expérience dans la douceur. 



Le plus étonnant pour eux est cette sensation étrange de pénétrer dans notre chez nous. « Je n’aurais jamais cru que vous avez autant de choses sur vos vélos ! Les draps dans la tente, les peluches des filles, tous les petits détails de votre cuisine, qui symbolisent ce que je viens de comprendre : C’est n’est vraiment plus un voyage, mais votre vie ! C’est incroyable ! Une vie à vélo ! » s’exclame Viera. Nous poursuivons la soirée à partager et à offrir un peu des enseignements que nous avons reçu le long du chemin. Nous sommes aussi reconnaissants qu’elles nous aient fait confiance et qu’elles osent tenter cette expérience. Peu de personnes se sont jointes à nous et c’est toujours un plaisir de partager un bout de chemin. Et puis cela confirme la justesse de notre projet « Wonder of Nature » d’inspirer les enfants à passer du temps en nature, ne serait-ce que pour croquer à pleine dent dans une pomme ! 



Arrivés à Nakano, nous devons pourtant changer de mode. Nous avons 2 heures pour faire les courses pour les prochains jours, aller faire la lessive, préparer à manger et faire sécher la tente et les sacs de couchage qui sont détrempés de l’humidité ! Dans cette course folle, Ailee court droit dans la corde tendue entre deux arbres. Propulsée à terre, elle est sous le choc. Tétanisée, sa maman ne sait plus quoi faire. Avec cette distance inculquée de la culture japonaise, aucun câlin ne saurait adoucir cette expérience. Je prends alors la situation en main et je m’occupe d’elle. Ne la connaissant pas assez, je veux la coucher par mesure de précaution. Impossible, sa peur des petites bêtes prend le dessus. Intuitivement, je sens alors que tout est ok. Je lui offre l’attention nécessaire, lui donne de l’homéopathie et soulage les brûlures avec un peu d’huile essentielle de lavande. Deux heures plus tard, il n’y a plus de marque physique de cet incident. À peine l’émotion apaisée que la police débarque. Nous avons été dénoncés ! Faisant sécher notre matériel, des habitants pensaient que nous allions dormir dans le parc. Nous sommes furieux. Nous devons encore parlementé avec la police alors que dans quelques minutes l’événement Sea to Summit pour lequel nous faisons une conférence va commencer ! Et nous avons encore quelques kilomètres à rouler !

Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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