Vukovar et les démons de l’histoire

Le château d’eau de Vukovar, devenu un des symbole de la ville

Sans avoir une seule idée de l’histoire de ce lieu, nous entrons dans la ville de Vukovar. Nous sentons instinctivement qu’il s’y soit produit quelque chose que nous ne pouvons pas imaginer. Les bâtiments détruits, criblés de balles, ou d’impact d’obus en témoignent. Certains n’ont pas été reconstruits, ils font partie de la ville comme on entre dans un musée vivant, pour que les mémoires se souviennent. Le château d’eau en reste un des monuments les plus symboliques. 

Nous sommes troublés de pénétrer ainsi au cœur de la guerre des Balkans, qui a mis une fin sanglante à la Yougoslavie. Cet état constitué en janvier 1946 était partagé par six républiques égales en droit : Croatie, Slovénie, Monténégro, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Serbie ainsi que deux régions autonomes le Kosovo et La Voïvodine. La politique communiste stricte de Tito avait réussi à créer un mouvement d’union « Unité et Fraternité » qui reconnaissait chaque peuple et chaque religion. Il disait d’ailleurs « La Yougoslavie a six républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti ». La mort de Tito libère les tensions entre les communautés, exacerbées par la crise politique et économique. Une série de conflits meurtriers explosent. En automne 1991, la ville de Vukovar est rasée, après un siège qui dura 87 jours et se termina par l’exécution 267 personnes de l’hôpital à Ovcara. 

Traverser la région, sentir les vibrations des mémoires, c’est plonger dans l’enfer des exactions commises. Mon corps tremble, mon coeur pleure. Plus rien n’a de sens lorsque tout s’enflamme, lorsque la haine transforme le voisin en ennemis au cœur de ces communautés multiculturelles. Tout n’est que destruction de l’autre, physique, psychique, génétique, culturelle. Certains hommes et femmes nous parlent, nous racontent leur histoire de vie. 

Bâtiment criblés de balles

« Je me suis battue en tant que volontaire pour l’indépendance de la Croatie, je me suis battue pour mon pays. Enceinte, j’ai continué. Aujourd’hui, ma fille est malentendante à cause des milliers de grenades qui ont explosé autour de moi. Mais au moins, je suis en vie. »

Il y a tout juste 30 ans… Vukovar, Sarajevo, Srebrenica sont des noms symboles de la souffrance, symboles de l’inacceptable. Le drame humain de cette guerre est un constat d’éclats d’humanité déchirée qu’aucune revendication nationale ou religieuse ne peut justifier. 

Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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