Une piste en sable interminable

Nous poussons les vélos dans le sable

Un chacal hurle! Un magnifique et puissant hurlement à quelques mètres de la tente, peut être une vingtaine de mètres. Nous sursautons. Un frisson me parcourt. La meute, quelques kilomètres plus loin, répond à l’unisson. Je suis alerte, mais surtout je suis émerveillée de cette incroyable rencontre, de la puissance de ce cri. Oui, la peur laisse place à la magie. Nous nous délectons de ce moment si intense au coeur de cette nuit noire et profonde. Le chacal aura été l’animal, symbole de notre passage en Serbie. Nous sommes dans une réserve protégée, seuls avec les animaux. La Voie lactée est incroyable et quelques étoiles filantes nous offrent un spectacle envoûtant. Pourtant, nous avons dû lutter pour atteindre ce lieu. 

Nous nous lavons avant que le soleil ne disparaisse

La piste en sable, qui nous y a guidés, a été un défi inimaginable. Nous avons poussé notre vélo à la montée sur dix kilomètres. Nayla aussi a tiré son vélo, alors que Fibie se jetait dans le sable pour jouer. Dix kilomètres c’est long, c’est interminable, c’est infernal. C’est dur pour le corps, c’est épuisant pour les muscles, c’est harassant pour le dos, mais c’est surtout rude pour le mental. Parce que concrètement, nous ne savons pas quand ni où cette traversée acharnée s’arrête. Il y a un moment où tout s’emballe, où l’on souhaite accéléré pour enfin y arriver puis on comprend qu’il va falloir prendre son mal en patience, qu’il va falloir plonger dans l’inconnu, qu’il va falloir tenir sur la distance, surtout qu’il va falloir rester une équipe jusqu’au bout, parce que si les filles craquent, nous sommes bloqués ici au milieu de nulle part. Nous voulions sortir du sable avant de camper. Après 10 km de labeur, nous montons la tente. Il n’y a aucun signe d’une quelconque amélioration de la piste, mais le soleil va se coucher. Nous nous lavons dans le vent glacial. 

Brouillard matinal

Le lendemain matin, le brouillard est dense et les toiles d’araignées composent des créations artistiques grises argentées devenues visibles par l’humidité déposée en gouttes sur les fils. Emmitouflés, nous repartons dans la grisaille. Le sable est un terrain parfait, il laisse les traces des activités nocturnes. Nous découvrons ainsi les empreintes de chacal à quelques mètres de la tente, mais aussi ceux des lièvres, des cerfs, des chevreuils. Tout est dessiné sur la terre, et nous sommes les témoins des passages invisibles de ces êtres. 

Les roues des vélos et de la charrette forment des dessins éphémères et profonds dans la piste 

Au final, nous poussons nos vélos pour encore 15 kilomètres et 5 heures. En tout, nous aurons poussé nos vélos durant 25km. Nous sommes épuisés physiquement et mentalement, et pourtant une fois de retour sur une vraie piste, nous prenons conscience de l’incroyable traversée que nous venons de réaliser.

Fibie profite de chaque petits arrêt pour jouer dans le sable


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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