Traverser les remous de l’inconscient collectif



Au bord du Danube, ce fleuve qui traverse tant de pays et de cultures

Nous longeons le Danube, ce fleuve qui traverse tant de pays et de cultures. Il porte aussi toutes les peines des peuples que nous traversons. Il est témoin des pires atrocités. Il a souvent été le flot dans lequel les corps des morts étaient débarrassés, parfois dans lequel ils mourraient. Attaché par trois, il suffisait de tirer une seule balle dans la tête de la personne du milieu. Les autres mourraient noyés, le corps les tirant au fond de l’eau.

C’est l’histoire de la violence qui s’est enflammée en Hongrie, marqué dans les mémoires par la déportation de plus 500 000 juifs hongrois à Auschwitz en moins de deux mois. Pourtant la violence ne s’est pas arrêtée là, prenant des tournures sournoises notamment dans les rues de Budapest. Puis la Hongrie passe de 1944 à 1948 du fascisme des Croix Fléchées, un gouvernement pronazi, au communisme. En un jour, le régime change, la dictature est instaurée. Rákosi établit un des régimes les plus répressifs des états satellites de l’URSS, devenant un disciple de Staline. L’élite intellectuelle est éliminée. La peur est omniprésente. Imre Kertész, un écrivain juif hongrois, en témoigne. Lui qui a vécu le camp de concentration d’Auschwitz et qui en est revenu, passe d’une dictature à une autre, «cette fois, nous portions tous l’étoile » souligne-t-il. Il parle alors des conséquences dévastatrices du totalitarisme. « La dictature vous propose des rôles et pour survivre vous devez vous corrompre, vous devez en choisir un qui n’est pas en harmonie avec votre propre personnalité. Plus cette dictature est efficace, plus elle vous donne des rôles en contradiction avec votre propre personnalité. » C’est ainsi qu’il décrit son expérience du communisme dans les années 50. Lauréat du prix Nobel de littérature en 2002, il est célébré « pour une écriture qui soutient la fragile expérience de l’individu contre l’arbitraire barbare de l’histoire ».

Traverser un pays à vélo, bivouaquer où nous porte le vent reflète un hymne à la liberté. Pourtant, c’est aussi un plongeon au cœur des pays, des vibrations de la terre et de ses mémoires. Nous ne faisons pas uniquement passer. Nous ressentons une partie de l’histoire, nous vibrons à la fois aux luttes et victoires, à la fois aux atrocités. Nous rencontrons l’inconscient collectif de chaque peuple, sommes immergés pour en ressortir quelques semaines ou mois plus tard, parfois lessivés des remous sombres. Ces mémoires sont comme des échos qui s’activent en nous et qui résonnent avec ce que nous avons encore à transformer. À nous de les libérer pour y puiser les joyaux et ce faisant recevoir les enseignements de chaque peuple. À nous aussi d’intégrer tous les clins d’œil du destin, toutes les lumières qui nous guident, toutes les synchronicités qui s’alignent, pour nourrir et cultiver notre émerveillement, ainsi que cette puissante confiance en la Vie. 

Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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