Compétition de livrets

 

Nous trouvons un peu d’herbe à l’arrière d’une place de jeux


  • « Je ne vais jamais arriver à te battre ! » s’exclame Nayla.

Ce soir, c’est le grand jour. Nayla et Xavier font la deuxième manche de leur concours. C’est parti ! Ils doivent accomplir 50 calculs en le moins de temps possible. Nayla doit résoudre des questions en lien aux livrets 1 à 8 et Xavier, 13 à 20. La tension monte, il faut être rapide, mais tous les calculs devront être justes ou corrigés si nécessaire. C’est terminé. Xavier a été plus rapide, mais Nayla a gagné ! Elle remporte la victoire parce que la compétition n’était pas contre son Papa, mais contre elle ! Elle a pulvérisé son résultat d’hier ! Elle saute en hurlant dans toute la place de jeux. 


Entre temps, Fibie a profité pour lire quelques lignes de son livre en anglais. Elle déchiffre ses premières phrases. Elle est tellement fière de pouvoir commencer ses propres livres ! 


L’ambiance est donc à la célébration ! Et pourtant, l’humidité, le froid et la noirceur nous invitent à rejoindre la tente. À rejoindre ce petit cocon, non pas chauffer mais protéger des éléments. Ce lieu qui symbolise notre maison. Cet espace qui est le nôtre où que nous soyons dans le monde. En cette période de l’année, la nuit devient de plus en plus présente. Nous sentons les journées se rétrécir de jour en jour. Lorsque l’on vit dehors, ces transitions transforment nos journées, nos gestes, nos manières de faire. Maintenant, nous avons juste le temps de terminer le repas avant que l’obscurité ne s’installe. Les rangements s’opèrent à la lampe frontale. 


Ce soir, nous sommes dans une place de jeux. Abrités sous un arbre derrière le terrain de basket, nous espérons que le lieu sera calme. Les lampadaires que nous pensions délabrés se sont allumés. Nous aurions tant espéré qu’ils ne diffusent pas cette lumière toute la nuit. Habitués à dormir en pleine nature, dans la nuit noire et un silence uniquement percé par les bruits des animaux, nos corps souffrent de cette source artificielle. J’ai de la peine à m’endormir. Notre tente jaune réfléchit la lumière invitant mon esprit à s’activer, réfléchir, imaginer. 


J’allais m’endormir lorsque je sursaute. Trois jeunes sont justes à côté de la tente. Ils parlent fort, s’exclament, rient. Il est déjà minuit. Pendant plus de trois heures, ils restent à quelques mètres de la tente, pour appeler des hommes et des femmes à travers le monde et parler de sexualité et de question de genre, en inventant de nouveaux scénarios. À chaque fois que je suis enfin prête à rejoindre le sommeil, les voix deviennent plus fortes des insultes qu’ils profèrent. Je suis à nouveau éveillée, quelques choses dans mon instinct me gardent en état d’alerte. Soudain, le silence reprend enfin sa place. Mon corps épuisé va pouvoir se reposer. 


Sur les routes croates


Je repense alors à cette femme, cette mère qui me parlait de ses enfants adolescents. En deux ans d’écart, leur réalité est complètement autre. Elle s’interrogeait sur le changement profond au niveau de la société, surtout pour les jeunes. Son fils de 16 ans ainsi que toute sa génération est plongé dans les questions d’identité et de genre. Tous les ados de sa classe se questionnent, six filles ont changé de prénoms et refusent d’utiliser leur nom féminin. Elle n’était pas tant choquée du thème ni de l’affirmation de soi de la part des jeunes, mais plutôt du pouvoir médiatique de transformer avec tant de force les enjeux sociétaux et les centres de préoccupations des jeunes générations. 

Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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