Accéder au contenu principal

Pas si simple de prendre des décisions

Nous dormirons au bord d’un petit étang.


Aujourd’hui, c’est Nayla et Fibie qui décident du déroulement de la journée. Ce n’est pas si simple d’être responsable des décisions pour la famille, de peser le pour et le contre, de savoir et de sentir ce qui est juste. Nous sommes si bien au col que nous hésitons à y rester pour la journée. Pourtant, il annonce des intempéries en soirée et de la pluie pour le lendemain. Nous avons des réserves d’eau terreuse, que nous avons filtrée, et peu de nourriture pour les deux prochains jours. Cela fait aussi plus d’une semaine que nous roulons et nous avons besoin d’une réelle journée de pause ainsi que de faire notre lessive. La tentation est forte, mais Nayla et Fibie optent finalement, après plusieurs changements, à rejoindre un petit camping en bas de la vallée. La descente est somptueuse, mais le vent est glacial. Nous avons de la peine à profiter pleinement du paysage qui se dévoile à nous. 


Les nuages remplisse le ciel et nous amène la pluie


Un rayon de soleil nous offre une petite accalmie. Et la pause de midi nous permet de sécher tout notre équipement détrempé par la rosée. Etalé au centre d’une place de jeux, des enfants curieux viennent nous observer manger. Nayla et Fibie seront plutôt inquiètes des dizaines de frelons qui rodent. Nous poursuivons en direction de Poprad, et découvrons un pont suspendu! Prête pour le défi. Nayla et Fibie le traversèrent sur leur vélo en parfait équilibre, malgré le balancement de la construction. Puis elles aperçoivent une piste tout terrain pour VTT et s’amusent comme des folles à passer les bosses et les virages à vélo. L’abri aurait aussi été parfait pour camper. Les filles hésitent à nouveau. Mais elles choisissent de poursuivre. La journée est longue. Nous sommes tous fatigués après avoir traversé la ville. Nous pourrions nous arrêter, mais Nayla et Fibie sont décidées à rejoindre le camping à une dizaine de kilomètres en contre-bas. Le temps passe. Fibie commence à compter les kilomètres et Nayla à se plaindre. Nous arrivons épuisés devant l’entrée.


Traversée de la rivière sur un pont suspendu


Le portail est clos et cadenassé ! Le camping est fermé pour l’hiver. Le silence dans lequel sont plongés Nayla et Fibie marque la déception, l’impuissance. Nayla est dépitée, elle comprend tout de suite que la journée de vélo n’est pas terminée. Fibie est contrariée et va secouer la barrière. « Il faut essayer de crier et d’appeler les gens », dit-elle avec un regard de révolte. Je suis silencieuse, parce qu’on font de moi, je sentais que c’était juste pour nous de rejoindre la vallée. Une intuition validée le lendemain par les montagnes totalement enneigées, la nuit aurait été glaciale. Toujours est-il que je ressens comme une déception de cet appel qui se finit en déconvenue. Nous n’avons pas le temps de nous lamenter. Il est déjà 17h et nous devons remplir nos vaches à eau de 10 litres ainsi que trouver un lieu pour camper avant que la pluie menaçante nous détrempe. A la sortie du village, nous avons déjà l’eau avec nous. Nous poursuivons épuiser. Je suis émue à la fois d’imposer cette vie parfois rude à nos filles, à la fois de la force qui les anime. Elles ne se plaignent pas, elles cherchent déjà un lieu où camper. Elles puisent à l’intérieur d’elles une force à transformer les problèmes en solutions. 


Les filles ont encore plein d’énergie pour rouler durant les pauses


Nous arrivons face à une large propriété avec de grands arbres. Je tourne la tête. Je pense: « si j’aperçois quelqu’un, je m’arrête pour demander si nous pouvons planter notre tente. » Au même instant, un homme sort de sa voiture. Je plante sur les freins, fait demi-tour et nous entrons dans la propriété. Nous demandons à la famille si nous pouvons rester une nuit. Elle nous accueille avec joie vers le petit lac sous un gigantesque chêne. Nous ne nous sommes pas présentés, n’avons rien expliqué sur notre vie, et ils nous proposent instantanément de rester une nuit supplémentaire, mais dans la petite maison hobbit. Nous acquiesçons avec gratitude, et nous sommes rapidement appelés vers l’essentiel. Il commence à pleuvoir et nous devons monter la tente. Demain est un autre jour.   

Céline, Xavier, Nayla et Fibie

_______________________________________

Inscription au blog et/ou à la newsletter:


Envie de nous offrir un café:

Suivez-nous également sur:

Commentaires

autre articles

Petit retour sur notre virée en Suisse

Un besoin profond de retrouver les siens, de se reconnecter à une terre de souvenirs, et de faire face à des réalités aussi bien personnelles qu’administratives. Entre retrouvailles, moments simples, nature retrouvée et épreuves physiques, ce passage devient une parenthèse précieuse, pleine d’émotions. Un passage en Suisse s’est imposé. Tout d’abord en nous. Après 2 ans, un élan nous poussait à retrouver les personnes chères à notre cœur. J’avais aussi besoin de revenir en Suisse, après l’envol de mon Papa, de retrouver sa terre, de sentir les odeurs, de me relier aux traces restantes de son passage dans ce monde physique. Et bien sûr de revoir ma Maman, de pouvoir l’embrasser, d’être présente. Les obligations administratives ont apporté la dernière touche pour transformer cet élan en une réalité. Notre avion part le 1er janvier du Japon. Nous sommes alors à Nara dans la maison d’hôte de Tatsuno San, le fondateur de Montbell. Dans l’archipel nippon, la nouvelle année est célébrée le...

Les célèbres poteries d’Inuyama

Inuyama est connu pour la qualité de ces poteries et pour leurs motifs particuliers. La production de poteries date des années 1680 déjà. Nous allons à l’atelier Goto Poterie, où un maître de plus de 70 ans y travaille encore. Descendant d’une famille de potiers depuis plus de 5 générations, son fils perpétue cette longue tradition d’artisans et d’artistes. -   Suivre ce blog  - Le maître, ce grand homme au regard franc, a beaucoup d’humour. Il nous explique d’abord comment préparer l’argile et le rendre mou afin de pouvoir le travailler. Leur atelier ayant été construit à côté d’une gigantesque montagne d’argile, ils extraient l’argile à l’endroit même. Il nous explique ensuite le processus pour terminer la poterie, environ une semaine pour sécher : une première cuisson à 800 °C pendant 8 heures, puis une deuxième cuisson à 1250 °C durant 28 heures. La décoration de la glaçure permet de mettre en valeur les motifs célèbres d’Inuyama le unkinde, le mariage des feuilles d’é...

Famille d’accueil à Minoh

Depuis le lac Biwa, nous roulons jusqu’à Minoh. 80 kilomètres dans un froid mordant, avec un vent de face. Nous n’arrivons jamais à réellement nous réchauffer. Le froid devient de plus en plus pesant. Nos corps commencent à être fatigués, nous sentons la neige arriver et avec elle, l’envie de mettre les skis. 80 km c’était un peu trop. Mais il n’y avait plus d’alternative au moment où nous le réalisons. Et ainsi nous arrivons avec les dernières lueurs du jour dans notre famille d’accueil de HIPPO pour notre conférence qui a lieu dans 2 jours. Chihiro nous accueille avec ces trois enfants Renka, Rin et Ram. Sportives et pleines d’énergie, les filles s’entendent à merveille. Le lendemain, nous allons voir la chute d’eau de Minnoh, longeons la rivière cristalline qui nous emmènent vers de magnifiques bâtiments en bois. Cette montagne est sacrée et fait partie du culte du bouddhisme Shugendo. Nous marchons ainsi dans ce lieu sacré recouvert de forêts et découvrons la chute d’eau de 33 m...

De passage en Suisse

  De passage en Suisse pour quelques semaines nous partagerons 3 conférences: "Spécial Japon"   Le Japon nous conduit au cœur de ses légendes et traditions  à travers 45 des 47 préfectures et sur plus de 20 '000 km. C'est ainsi que certaines des terres les plus mystérieuses du Japon nous ont été révélées. Et c'est parce que nous explorons le monde à la force de notre propre corps, depuis 15 ans, que nous avons été nommé  Japan Eco Track  Ambassadeur.   Bienvenue et au plaisir de te revoir Toutes les informations: ici Céline, Xavier, Nayla et Fibie -   Suivre ce blog  - _______________________________________ Incarnons ensemble le Changement: Etre créateur de nos Vies Boutique: Cartes / livres / photographie Inscription au blog et/ou à la newsletter: Inscription Suivez-nous également sur: www.ylia.ch instagram youtube facebook

On ne savait pas si nos jambes suivraient

Nous croyions que cette journée au bord du lac Towada serait paisible. Et pourtant… une question lancée à la volée a tout changé : « Et si on montait jusqu’aux volcans ? » En moins de deux heures, nous étions sur nos vélos, prêts à grimper cols et sommets, à travers forêts, torrents et névés surprenants. On ne savait pas encore si la météo tiendrait, ni si nos jambes suivraient. Mais quelque chose nous poussait à tenter l’aventure… Une petite route nous emmène au cœur des montagnes. Dans la végétation luxuriante, nous grimpons un kilomètre après l’autre. Ce chemin nous guide vers un petit passage, un col pour rejoindre le lac Towada. L’effort est intense, mais le chant des cigales et celui des oiseaux nous offrent un peu de réconfort. J’aime la musique de la nature, qui entrecoupe le profond silence. Les deux me permettent de rejoindre un espace de sérénité, où tout s’apaise en moi. Après un dernier passage raide, nous arrivons au col. Le bleu roi du lac se dévoile au centre des mont...

Sur les sentiers sacrés de Yamagata

Nous plongeons au cœur d’une nature intense, où la rivière Mogami-gawa déchaîne ses forces et les montagnes révèlent leurs secrets. Chaque instant est une découverte, un mélange d’émotions, de rencontres et de traditions vibrantes. Le chemin nous guide le long d’une piste cyclable qui longe la rivière Mogami-gawa. Nous sommes impressionnés par la puissance du courant, des rapides et remous. L’eau est tumultueuse, et pourtant turquoise. Le niveau est particulièrement élevé. Les larges lits dans ce pays sont souvent traversés par plusieurs bras et cours d’eau, laissant la place pour les crues rapides. Pourtant cette fois, le lit est complètement recouvert et les premiers arbres de la berge sont même sous le flot. C’est phénoménal ! Imaginer le débit est presque impossible ! L’eau provient encore de la neige qui continue de fondre. Cette année, plus de 5 mètres sont tombés ! Et alors que nous admirons le caractère sauvage de ce fleuve, le mont Gassan apparaît soudain. Large, ce volcan ...

Elles ont traversé le Japon… un coup de pédale après l’autre

Sous la lumière douce de la lune et le crépitement des braises, une simple soirée barbecue s’est transformée en une plongée inattendue dans le monde secret des alpinistes japonais et des amitiés sincères. Ce chemin à vélo à travers les 47 préfectures du Japon n’est pas qu’un défi sportif : c’est une traversée de cimes, de rencontres inoubliables et d’émotions brutes. Une odyssée où chaque virage, chaque col, chaque repas partagé éclaire un peu plus le sens de notre aventure.  À la lueur de la lune et des braises ardentes d’un barbecue, nous partageons la soirée avec Saya, Junji, Lisa et Kenji. Ibuki et Reiji, deux garçons de 4 et 2 ans sont en train de courir et jouer avec les filles. C’est la deuxième fois que nous rencontrons la famille de Saya et Junji. Ils nous avaient déjà accueillis lors de notre passage à Yamagata en 2023. Saya était alors enceinte de 7 mois. Cette fois, nous rencontrons pour la première fois Reiji, et découvrons leur nouvelle maison rénovée. Cela fait 2 ans...

Au rythme du vent et des rencontres

Nous reprenons la route, sacoches chargées, cœurs ouverts, prêts à affronter la pluie, les kilomètres et l’inconnu. Chaque détour nous offre une rencontre inattendue, chaque étape devient une aventure, entre gratitudes, défis et retrouvailles vibrantes. C’est à nouveau le grand départ. Demain, nous reprenons la route. Et comme à chaque fois que tout est nettoyé et propre, une pluie abondante est annoncée pour toute la journée... on espère passer à côté des gouttes, mais nous savons bien que nous serons détrempés. C’est presque un clin d’œil de la Vie, combien de fois sommes-nous repartis sous des pluies diluviennes. Nous en rions, même si nous nous sentons comme des chats qui à l’abri dans un cocon douillet, n’ont pas envie de mouiller leur pelage. On s’inquiète pour nous, Kiyoko San, la femme de Tatsuno San, fondateur de Montbell, chez qui nous sommes invités à Manyoso, a envie de nous aider. Nous devons récupérer notre matériel resté à Osaka et reprendre la route en direction de ...