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Les cols suisses que j’ai abominé


Camping prêt du col de la Furka

Le col de la Furka reste gravé en moi. C’était ce premier grand défi de notre vie de nomade à notre départ, il y a 12 ans. L’intensité du départ, les émotions de la séparation et de tout quitter, le poids dont nous nous étions chargés sur nos épaules, nos muscles qui n’étaient pas encore habitués à la charge ni à ce sport, le vent hurlant qui nous poussait par moment au bord du précipice, la pluie glaciale qui s’était transformée en neige au sommet, avait composé un tout si violent que je reconnais chaque épingle. Je me souviens d’avoir regardé cette falaise face à nous et d’avoir compté le nombre de virages pour me préparer mentalement à cette étape. Mais c’était bien au-delà de la préparation, ce jour-là, j’étais testée jusque dans mes tripes. J’étais littéralement au pied du mur pour savoir si je saurais traverser les épreuves qui allaient se présenter, si j’étais prête à entrer dans cette vie que je choisissais. 

Vue sur le col du Grimsel

Aujourd’hui, je suis à nouveau dans ce col, que j’ai abominé. Je retrouve chaque épingle que j’ai exécrée. Je contemple les passages que j’ai maudits. Mais cette fois le panorama s’offre à moi. Il n’est pas bloqué par un épais brouillard. Je perçois la montée vers le Grimsel, je vois les hauts sommets et le Rhône qui s’élance de la roche. Je ressens à quel point ce passage m’a marqué.

Col de la Furka

Mes parents sont venus nous rejoindre sur la demande de Nayla et Fibie, comme un au revoir qui devait se poursuivre, comme si c’était une manière de les emmener aussi dans notre vie à nous. Elles montent donc dans la voiture qui emmène une partie de nos bagages. Nous grimpons avec le même poids qu’il y a douze ans et pourtant nous nous sentons si légers. Nous montons sans peine, gravissons la montagne avec euphorie et presque sans effort, en tout cas, sans aucun effort mental. Alors que Fibie et Nayla vont découvrir la fabuleuse grotte dans le glacier du Rhône, nous contemplons la vallée qui s’offre à nous. Nous sommes au sommet de la Furka et sentons tout le chemin que nous avons parcouru en nous ces douze dernières années. 

A l'abri du soleil sous notre toile

Céline

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