Ces étiquettes qui créent notre réalité



À Maienfeld, nous ne rencontrerons pas Heidi, mais Bettina et Daniel. Avec un élan d’enthousiasme exubérant, Bettina s’arrête à nos côtés. Elle est abasourdie par notre histoire et avec fougue elle nous invite chez elle. Elle est américaine et nous retrouvons dans sa manière d’agir le caractère parfois exubérant et surtout spontané du continent nord-américain. En riant, elle nous soufflera d’ailleurs que son mari est parfois trop suisse, strict et carré, suivant les règles et codes sociaux. Je ressens qu’elle parle surtout d’une manière de voir le monde qui transparaît encore aujourd’hui de leur éducation.



Six enfants, dont cinq filles! La première a 18 ans et le dernier 4 ans. Dans son incroyable joie d’être maman, elle aurait aimé avoir d’autres enfants. Bien que pour Karlos, elle avait déjà 45 ans. Sa première fille Katja est une enfant spéciale, comme elle le souligne. Elle revient d’une course de natation aux paralympiques qu’elle a gagnée! Elle fait partie de ses personnes qui possèdent des dons rarement reconnus dans notre société. Elle a reçu l’étiquette de l’autisme. Ces étiquettes que l’on accole sur le front de nos enfants sont bien lourdes à porter. J’entends qu’il y a une volonté d’aider chacun dans ses difficultés, d’aider la personne dysorthographique ou dyslexique. Et pourtant, combien d’adultes disent avoir souffert de ces labels? Il n’y a pas longtemps, une femme m’expliquait qu’elle avait été diagnostiquée enfant à haut-potentiel et que c’était la pire chose qui lui soit arrivée. Parce qu’en étant HP, elle n’avait soudain plus le droit à l’échec. Elle devait toujours être capable, savoir apprendre plus vite. Le problème des étiquettes, c’est qu’elles nous conduisent dans un canal dans lequel il n’est plus possible d’en sortir. Du jour au lendemain, c’est comme si une partie du monde ne pouvait plus faire partie de notre réalité, comme si l’univers des possibilités infinies se réduisait. Pourquoi avons-nous tellement besoin d’étiqueter notre monde?



Étiqueter notre monde! Alors que fait-on de ceux qui ne peuvent plus rentrer dans les catégories! Pourquoi avons-nous toujours besoin de faire entrer, parfois par force, la réalité qui se présente dans le moule de nos attentes? Pourquoi à chaque nouvelle rencontre avons-nous besoin de classer les personnes, de les faire appartenir à une catégorie afin de pouvoir interagir avec eux? Souvent, cette étape n’est même pas consciente, c’est simplement le schéma de notre pensée qui se met en marche. Pourtant, la prochaine fois que vous rencontrez une nouvelle personne, et peut être même avec la spontanéité de Bettina, essayé de faire l’exercice de simplement communiquer, échanger et partager, sans enfermer l’autre dans une case auquel il devra appartenir. Finalement casser les moules dans lesquels nous nous sommes enfermés les uns les autres.


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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