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La station de recherche de Sesoko

Depuis l’île de Yagaji, nous prenons le pont qui nous emmène sur la petite île de Kouri. Une fois encore, les teintes de l’eau sont simplement incroyables. Le bleu est saisissant et contraste avec le vert lumineux des forêts luxuriantes. On nous avait dit qu’il y a parfois des tortues. Nous roulons alors on observe les flots. Soudain, nous repérons une tête qui sort de l’eau. Incroyable rencontre à nouveau, nous observons la tortue nager à travers l’eau cristalline. 


Cet événement est suffisant pour insuffler une euphorie à toute la famille, pourtant la température est étouffante. Et après quelques kilomètres, nous sommes déjà tous détrempés de sueurs. Nous poursuivons le long de la côte et grimpons le long des falaises jusqu’à découvrir le rocher en cœur au nord de l’île. Nous profitons alors de nous baigner dans les flots mouvementés par le vent. Un souffle qui ne cesse de nous contrer dans les montées et descentes abruptes qui n’en finissent plus une fois de retour sur l’île principale d’Okinawa. Pourtant, nous sommes contents de retrouver l’ambiance plus locale, Naha est surtout une grosse ville pour nous.


Une fois arrivés à Motobu, nous avons la chance de pouvoir aller découvrir la station de recherche de Sesoko. Frédéric Sinniger, un chercheur suisse sur la biodiversité des récifs coralliens, nous y accueille. Nous passons alors deux heures à visiter la station, mais surtout à apprendre sur les coraux. Il y a environ 400 espèces connues. Ce sont des sortes d’animaux qui vivent en symbiose avec une algue. La femme de Frédéric, elle aussi docteure et chercheuse scientifique, fait une recherche pour savoir comment les coraux commencent cette symbiose et quel type d’algues ils sélectionnent. Frédéric a récemment découvert des coraux à plus de 80 mètres de profondeur. Là, il n’y a environ que 1 % de la lumière qui atteint les fonds marins alors que le corail se nourrit grâce à la photosynthèse des algues unicellulaires qui vivent en symbiose. Plus encore, les scientifiques n’ont aucune information quant à la reproduction des espèces à cette profondeur. Frédéric et son équipe essaient ainsi de reproduire les mêmes conditions en laboratoire afin de pouvoir l’étudier. 


Mais le grand problème d’aujourd’hui, c’est le blanchissement du corail. Il est dû une réaction à différentes sources de stress. Actuellement, c’est la température de l’eau qui est de 30 °C jusqu’à 25 m de profondeur ! Si cette situation se poursuit durant plus d’une semaine, il y a le risque que les coraux cassent le lien de symbiose avec l’algue, et meurent. Si c’est le cas, des récifs coralliens un peu partout à Okinawa vont mourir dans les prochains jours, voire semaines si la situation se produit. Et il faudra peut-être plus d’une vingtaine d’années dans des conditions optimales pour se refaire. La situation est vraiment inquiétante, non seulement pour de nombreux scientifiques, mais aussi pour les populations locales. Tous se rendent compte de la situation dramatique et du blanchissement des coraux. Frédéric Sinniger espère que les coraux trouvés en profondeur soient peut-être une solution de refuge pour certaines espèces, qui souffrent des températures trop élevées de la mer. 


Nous repartons en remerciant Frédéric pour le temps qu’il nous a offert et pour tout le savoir partagé. C’est une belle rencontre remplie de découverte, d’émotions, mais aussi d’optimisme de la part de ce chercheur. 

Céline, Xavier, Nayla et Fibie
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