Parent et Souverain de nos choix



Un jour, nous devenons parents. La magie de la Vie célèbre alors ce petit être qui s’incarne à travers nous, en nous. Les contes de fées répètent inlassablement les mêmes lignes : « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». On ne peut jamais vraiment contredire un conte, il semble toujours détenir une puissante vérité, certainement dû sa portée, transmise de génération en génération. Il représente la ligne, celle que j’associe parfois à l’inconscient collectif. Pourtant, devenir parent, ce n’est pas toujours un conte de fées, cela ne suit pas toujours la voie royale. 




Les parents, il y en a de toutes sortes. Je me souviendrais d’avoir rencontré Acha Apa, une femme exceptionnelle au Bangladesh. Elle avait tenu tête à son père qui voulait la marier à 18 ans. Elle lui jura qu’elle n’aurait jamais d’enfant. Aujourd’hui à 70 ans, des centaines de communautés, des hommes, des femmes et des enfants la considère comme leur mère. À cause de la montée des eaux, le pays subit de plus en plus de désastres naturels. Avec un tiers du pays en dessous du niveau de la mer, elle aide à préparer les communautés pour faire face en cas d’inondations. Elle apprend par exemple à surélever les puits, afin que de l’eau potable puisse toujours être disponible. Être parent ce n’est pas la même expérience pour chacun. Il y a les parents symboliques, les parents qui adoptent, ceux qui attendent si longtemps, ceux dont l’enfant est apparu par surprise, et bien d’autres. Il y a aussi tous ces parents d’enfants de l’au-delà.



Nous ne nous transformons pas en parents du jour au lendemain, nous le devenons. Être parent, c’est un processus, une transformation. Ce n’est pas non plus entrer dans un moule parfait. Lorsque j’allaitais ma première fille, j’aurais bien aimé qu’on me donne des informations cohérentes, mais elles étaient souvent contradictoires : allaiter à la demande s’opposait alors à allaiter tous les quatre heures au maximum. La vérité, c’est qu’il n’existe pas de marche à suivre. Non seulement il n’y a pas de marche à suivre, mais il n’y a pas de rôle à endosser. Il n’est pas nécessaire de porter soudainement les habits symboliques de ce que l’on associe à être une maman. 



Lorsque j’ai fait mon suivi de grossesse dans 4 pays différents, je me suis rendu compte que même les procédures médicales changeaient d’un pays à l’autre. Sans parler de tous les avis que les femmes m’offraient, souvent en opposition. Au niveau de l’alimentation par exemple, les règles varient en fonction des pays et des cultures. Même si je suis certaine qu’une part de vérité se trouve dans ce savoir ancestral et communautaire, je sentais bien que toutes ces règles étaient vraiment variables, parfois incompatible… Réaliser ces différences m’apportait évidemment une forme de confusion. J’aurais pu essayer d’englober tous ces aspects, de m’aligner sur ces sagesses divergentes. Et pourtant, au lieu de ressentir le poids de toutes ces informations, j’ai choisi d’en faire une force. Je me suis rendu compte à quel point la naissance est imbriquée dans les rites des sociétés, dans ces normes, qu’elles soient conscientes ou inconscientes, et même dans les lignées familiales de chaque femme. J’avais ainsi une ouverture extraordinaire ! Je pouvais choisir ce qui était le plus juste pour moi et mon enfant, non pas en fonction des autres, mais en fonction de nous deux. Je n’étais pas insérée dans un parcours tout fait, bien qu’une sage femme extraordinaire m’accompagna à distance pour chacune de mes grossesses. 




Je portais le poids de chacune de mes décisions, par contre j’avais le choix de pouvoir entendre ce qui était juste pour moi. C’était le plus grand cadeau que ces grossesses m’ont offert. Elles m’ont permis de revenir à la notion organique de ce passage et de la naissance. J’ai pu m’offrir le choix, j’ai pu honorer mes ressentis et mes intuitions, j’ai pu accueillir mon enfant dans la relation que nous construisions à deux. J’étais dans mon pouvoir, dans ma souveraineté. Je ne pouvais pas faire des choix pour demain, mais en conscience en fonction de ce que je vivais chaque jour. 



Se redonner le droit d’être souverain de nos décisions, non pas parce qu’on refuse un système quel qu’il soit, mais parce qu’on choisit de s’honorer. Cette ouverture m’a aussi permise de m’ouvrir à une réalité qui me transforma en tant que Maman. J’ai appris à communiquer intuitivement avec mon enfant, surtout j’ai pu apprendre à entendre ce qu’il me disait. Je communique encore aujourd’hui avec les fœtus, bébé, nourrisson et enfant, ils ont une merveilleuse façon de nous transmettre leur infinie sagesse. C’est ainsi que j’ai compris à quel point il faisait partie prenante de tout ce que vit la maman, durant la grossesse, la naissance et même après. Il utilise le corps de la femme pour parler de ce qu’ils vivent intérieurement, ils déclenchent des comportements soudains comme autant d’appels à entendre ce qu’ils traversent. Et souvent, ils le font pour nous, en tant que miroir de ce que la maman ou le papa vit. Ils résonnent à la tristesse qui nous submerge, ou à la peur dont nous n’avons pas encore réellement conscience. 



Une danse unique se crée ainsi entre chaque parent et son enfant. Ce n’est pas un chemin à suivre mais à créer. Nous ne serons jamais parents deux fois de la même manière. La relation que nous construisons avec chacun de nos enfants est unique. Et c’est elle, cette danse unique, qui nous nous transforme en parent. Alors si vous êtes le parent unique de cet unique enfant, honorez votre ressenti comme le plus grand guide du chemin que vous construisez ensemble. Un chemin aussi différent, divergent, extraordinaire et magique qu’il puisse être, et qui englobe toutes les formes de parentalité.


Céline, Xavier, Nayla et Fibie

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