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Là où la mer et les forêts nous adoptent

La route se faufile entre les montagnes qui plongent dans la mer du Japon. Sinueuse, elle serpente le long des presque-îles se décrochant dans les flots. Nous devinons les couleurs turquoise et l’émeraude de l’eau, mais la luminosité devient de moins en moins forte. Les nuages se rassemblent, lourds, épais, soudain la pluie tombe, d’un coup, dense, ruisselant. Nous nous réfugions alors dans un onsen, les joies du Japon. Le bassin extérieur s’ouvre sur une mer immense . C’est à couper le souffle. Nous rejoignons ensuite la plage, près du pont de Tsunoshima. Aujourd’hui, le souffle impétueux du vent soulève des vagues gigantesques. La mer est déchaînée. Nayla et Fibie jouent d’abord dans le sable, puis irrésistiblement attirées, elles s’approchent de l’eau salée. Lentement, elles y mettent les pieds. Quelques minutes plus tard, elles rient en défiant le va-et-vient des vagues, qui par moments, les attrapent. La mer semble se prendre au jeu, répondre à ce souffle d’innocence et de légèr...
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Sur la route des retrouvailles

La route nous propulse d’un paysage à l’autre, et chaque retrouvaille rallume l’élan qui nous pousse à avancer. Et quand le chemin hésite, on suit notre instinct : c’est lui qui ouvre les passages. Après un dernier col au coeur des montagnes de Shiga, nous plongeons jusqu’au lac Biwa, la plus grande réserve d’eau douce de l’archipel. Son bleu paisible s’étire jusqu’aux montagnes qui s’élèvent sur l’autre versant. Vaste et lisse, elle est réconfortante, le soleil aussi. Sa lumière nous enveloppe d’une caresse chaude et douce. Plus loin le château d’Hikone se dessine sur la colline, l’une des 12 structures originels du Japon. Nous passons devant sa silhouette élégante. Soudain, le vent se lève, puissant et impétueux. Le lac change de visage, métamorphosé : ses eaux, secouées par les vagues, se font sombres, ténébreuses, tumultueuses. Pourtant, un arbre nous tend ses branches pour nous abriter. C’est ici que nous montons la tente, bercé par les parfums de la terre, les chants des oise...

Nos chemins se rejoignent à nouveau

Nous avançons à travers les montagnes, là où un sanglier surgit du silence et où les panneaux “ours” nous rappellent que nous ne sommes que des invités. Puis, nous arrivons chez Yoshi et Kana, neuf enfants explorent le monde à leur rythme, dans une maison où chaque instant devient une aventure d’apprentissage. Traversant le cœur des montagnes, nous gravissons un col, un de plus. Ces passages exigent, comme toujours, force et courage, pourtant ils nous offrent aussi cette lente immersion dans l’intimité de la forêt. Soudain, un sanglier surgit, hors du silence. Il passe tout près de nous et disparaît dans les fourrés. Noir, dodu, il s’éclipse en se dandinant, comme animé d’une humeur joyeuse. Au sommet, la rivière limpide s’élargit en un petit bassin puis repart en cascade. Son eau est si pure que le fond apparaît, limpide. Nous nous lavons dans cette fraîcheur glaciale, qui d’un coup soulève la fatigue de nos corps. Les derniers rayons du soleil se sont déjà retirés ; la nuit ne t...

Sous la pluie, le livre avance

La route n’a rien de romantique : la pluie trempe, le froid use, le corps proteste.  Et dans un coin de maison, sur un tatami ou sous la toile de notre tente, on travaille sur l’écriture du premier tome de notre histoire, en collaboration avec Ueda San, notre éditeur Japonais. Ce matin encore, la pluie nous poursuit. Inlassable, elle abreuve la terre de son eau nourricière, mais nous met, une fois de plus, à l’épreuve.  — J’en ai assez de cette pluie.  Je le murmure pour moi-même, en pensant à mon dos, à ces contractions musculaires qui le traversent chaque fois qu’il subit l’humidité. Toutes nos affaires qu’il faut déballer, étendre, faire sécher encore et encore, dans une lutte désespérée contre la moisissure qui, malgré nos efforts, finit toujours par s’installer. À cette eau de plus en plus froide qui rend nos journées pénibles, nos pauses glaciales, et nos repas frugaux lorsque aucun abri ne se présente.  — J’en ai assez de ces prévisions météo ! Xavier est irri...